Alimentation en France, y’a mieux !

L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publie cette année sa troisième étude nationale (INCA 3) sur l’évaluation des consommations et des habitudes alimentaires des Français. L’étude, réalisée tous les 7 ans, a pour objectif d’analyser à la fois les apports nutritionnels bénéfiques et les expositions à des substances néfastes afin de mieux prévenir les maladies et améliorer la santé des consommateurs. Pour ce faire, l’ANSES a recueilli les habitudes alimentaires de 5 800 personnes représentatives de la population française (près de 3 100 adultes et 2 700 enfants) entre 2014 et 2015. Sur 13 600 journées de consommations cumulées entre les différents participants, les chercheurs ont pu recueillir des données sur 320 000 aliments consommés. Un groupe d’experts (nutritionnistes, épidémiologistes, toxicologues, microbiologistes) en a analysé les résultats, qui ne sont pas très brillants…

Tout d’abord les Français consomment trop de sel. Les apports en sodium sont en effet supérieurs aux recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS). En cause : les pains, les sandwichs, pizzas et pâtisseries salées, les condiments et sauces, les soupes et les charcuteries. À l’inverse, l’apport en fibres (contenues dans les fruits, légumes, légumineuses et produits céréaliers) est trop faible : à peine 20g/j pour les adultes contre 30g/j recommandés par l’Anses. L’agence appelle les professionnels à « amplifier l’effort de réduction des teneurs en sel des aliments » et à « augmenter celles en fibres ».

L’étude met également en évidence une forte augmentation de la consommation de compléments alimentaires (vitamines, minéraux, plantes) passant de 12 % à 19 % chez les enfants et de 20 % à 29 % chez les adultes entre 2006-2007 et 2014-2015. Elle révèle aussi des comportements susceptibles de poser « de nouveaux enjeux en termes de sécurité sanitaire » : dépassement des dates limites de consommation, températures trop élevées dans les réfrigérateurs (supérieures à 6 °C), augmentation de la consommation de denrées autoproduites (chasse, pêche, cueillette et eau de puits privés) et de protéines animales crues, qui peuvent être contaminées par des bactéries, des virus ou des parasites.

Enfin, les Français optent pour un mode de vie de plus en plus sédentaire, ce qui inquiète l’agence. Le temps passer devant les écrans par exemple a augmenté de 20 minutes chez les enfants et de 1h20 chez les adultes. La sédentarité joue un rôle dans l’apparition de certaines pathologies (obésité, diabète, …) « même dans le cas d’individus qui pratiquent trente minutes d’activité physique par jour », assure Jean-Luc Volatier. Il faut donc bouger plus (escalier, marche, se tenir debout, etc.).

Dans l’étude, il est également clairement établi que le niveau social a une influence et que les inégalités se creusent. « Les populations défavorisées améliorent leur état nutritionnel mais beaucoup moins vite et moins nettement que celles favorisées » juge Serge Hercberg, président du PNNS.

L’agence préconise une politique de santé publique « plus ambitieuse » basée sur des taxes et des subventions, l’interdiction de la publicité sur les aliments trop riches en gras, en sel et en sucre, ou la mise en place d’un logo nutritionnel.

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