Du changement dans nos assiettes 

Le comportement des Français face à l’alimentation évolue ces dernières années. Véritable « révolution » pour certains, simple diversification des achats pour d’autres, un changement s’opère dans la consommation alimentaire.

Les différents scandales des dernières années ont amené les consommateurs à une réelle prise de conscience sur leur alimentation. Les ménages font de plus en plus le lien entre leur santé et ce qu’ils ont dans leur assiette. S’agissant des produits alimentaires, ils ont donc tendance à privilégier le critère de qualité plutôt que de quantité. Consommer de manière éthique est aussi un principe retenu lors de l’acte d’achat. « Les consommateurs prennent conscience que leurs choix ont des répercussions sur le bien-être animal, l’environnement ou encore sur les revenus des agriculteurs », explique Philippe Moati, cofondateur de l’Observatoire Société et Consommation (Obsoco).

Soucieuse de conserver ses parts de marché dans l’alimentation, la grande distribution cherche à s’adapter à la demande des consommateurs en communiquant de plus en plus sur le thème de la santé dans l’assiette. C’est le cas par exemple de Carrefour qui a lancé « Act for food » (Agir pour l’alimentation) ou encore de Système U qui a développé sa dernière application « Y a quoi dedans » censée permettre aux utilisateurs de chercher les additifs et autres substances chimiques dans les aliments.

Certains chercheurs rappellent qu’il y a une trentaine ou une quarantaine d’années, des milliers de décès étaient dénombrés par intoxication alimentaire, en France. Actuellement, c’est la crainte des nombreux additifs et autres substances chimiques qui est présente dans l’esprit de nombreux consommateurs. « Peut-être certains industriels ont-ils exagéré au nom de la rentabilité », reconnaît Olivier Dauvers, spécialiste de la grande distribution, « mais il faut rappeler qu’on leur a longtemps demandé de produire beaucoup et le moins cher possible ». Selon Olivier Humeau, PDG du cabinet de l’IRI (Information Resources Incorporated), on assiste à une véritable « révolution » causée par la baisse des volumes des achats et l’acceptation de payer plus cher pour de meilleurs produits. C’est « ce qui s’apparente à un mouvement de déconsommation », explique-t-il.

Cependant, des nuances doivent être apportées quant à la méfiance des consommateurs envers la grande distribution. Selon la société de sondage Kantar TNS, « en 2018, 75 % des consommateurs disent avoir globalement confiance dans la qualité de l’alimentation », observe Pascale Grelot-Girard, directrice de l’expertise chez ce spécialiste des études de marché. Enfin, le pouvoir d’achat des Français demeure un frein à leur libre choix de consommation. En effet, selon l’Obsoco, deux Français sur trois se disent prêts à payer plus cher pour des produits de qualité, mais 40 % disent s’imposer des restrictions.

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