La Cour des comptes s’attaque au compteur Linky

Dans son rapport 2018 publié ce mercredi 7 février, la Cour des comptes remet en question la pertinence du déploiement des compteurs Linky qui n’apporteraient pas de gain significatif pour le consommateur. En effet, le principal argument avancé par Enedis (ex-ERDF, filiale d’EDF) était que « les usagers pourront mieux suivre leur consommation d’électricité grâce à un espace personnel sécurisé sur le site d’Enedis. ». Or la Cour des comptes estime de son côté que « les moyens mis en place pour permettre à l’usager de connaître sa consommation détaillée, préalable à toute action de maîtrise de la demande d’énergie, sont insatisfaisants ». En effet, seul 1,5 % des usagers disposant d’un compteur Linky ont ouvert un compte en ligne !

Par ailleurs, le coût de ces compteurs ne serait pas si neutre. Si dans les documents produits par Enedis, il est écrit que l’intervention lors du changement de compteur est « entièrement gratuite », dans les faits ce n’est pas tout à fait exact… Le remplacement des 31 millions de vieux compteurs s’étend jusqu’en 2024 et devrait coûter 5,7 milliards d’euros. La somme est avancée par Enedis, mais le groupe compte bien rentabiliser cette opération. Pour cela, un système de « différé tarifaire » a été instauré. Cela signifie que les coûts liés à l’installation de Linky seront répercutés sur les factures des utilisateurs uniquement en 2021. Or, c’est à ce moment-là qu’Enedis devrait réaliser des économies notamment grâce à l’automatisation des tâches. Et selon le calcul de la Cour des comptes, ce stratagème financier de la filiale d’EDF pourrait permettre d’empocher près… d’un demi-milliard d’euros !

La Cour des comptes pointe également du doigt la stratégie de communication désastreuse autour du déploiement des Linky. Les consommateurs ne sont pas suffisamment informés de ses fonctionnalités. Idem en ce qui concerne les craintes d’ordre sanitaire et les questions de protection des données. La Cour des comptes estime qu’Enedis n’a pas suffisamment fait preuve de pédagogie. « Le caractère tardif de l’étude, s’agissant des questions d’ordre sanitaire, ou le déficit de communication, s’agissant des questions de protection de données, font que les assurances apportées par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) et par les dispositions prises par la CNIL (Commission nationale de l’informatique et des libertés) n’ont pas été suffisamment entendues par le public. »

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