Une éthique de l’intelligence artificielle en discussion

L’intelligence artificielle (IA) est sans conteste l’un des enjeux majeurs de l’humanité dans les prochaines années. Aux moyens d’algorithmes, ordinateurs et robots sont désormais capables d’apprendre à améliorer leur travail et de prendre des décisions. Mais l’IA suscite également beaucoup de questionnements. Elle est perçue comme une science compliquée et difficile d’accès. Certaines de ses applications sont contestables : collecte de données personnelles, reconnaissance faciale, etc. Alors que de grandes entreprises pionnières de l’IA (telles que IBM, Microsoft, Apple, Facebook, Google…) ont lancé il y a deux ans le « Partnership on AI » visant à introduire une réflexion éthique sur l’utilisation des algorithmes, sur les dangers des biais statistiques et sur l’explicabilité des résultats de l’intelligence artificielle, l’Unesco (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture) souhaite ouvrir un dialogue international sur ces questions.

En effet, cette agence de l’ONU est mandatée pour initier le dialogue au niveau mondial sur les implications éthiques, sociales et culturelles des grandes révolutions qui structurent le monde. L’IA en fait partie, mais le sujet est si vaste qu’il nécessite de mettre autour de la table des acteurs à la fois académiques, étatiques et économiques. Les nombreuses initiatives dispersées nécessitent une coordination des débats et c’est le rôle que souhaite jouer l’Unesco. L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) est de son côté prête à apporter sa contribution. L’objectif étant de faire émerger des règles de bonnes conduites. Pour cela, l’Unesco va s’appuyer sur un rapport de la COMEST* sur l’éthique de la robotique.

Cette ambition pose toutefois question étant donné que les États-Unis, patrie des géants du secteur, viennent de quitter l’Unesco… Audrey Azoulay, directrice générale de l’organisation, déclare à ce titre : « La réflexion reste ouverte et les États-Unis peuvent toujours choisir de se joindre à cette discussion sur l’éthique dans l’IA ». En outre, il sera sans doute difficile de faire converger des intérêts et des conceptions aussi éloignés que ceux des États-Unis, de la Chine et de l’Europe. 

In fine, l’objectif est de mettre sur le marché des outils d’IA responsables. Mais dans un premier temps, les institutions veulent s’engager dans une démarche de questionnement et ouvrir le débat avant de mettre au point des normes.

* Commission mondiale d’éthique des connaissances scientifiques et des techniques de l’Unesco.

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