Des labels “verts“ qui sèment le trouble

Une nouvelle étiquette a fait son apparition sur les étals de fruits et légumes des supermarchés : « Zéro résidu de pesticides ». Une initiative qui peut sembler louable, pour des consommateurs de plus en plus soucieux de ce qu’ils mangent. Mais ce n’est pas l’avis de quinze associations environnementales* qui alertent au contraire sur une opération marketing de nature à induire le consommateur en erreur. « (…) On voit de plus en plus de labels très peu sérieux qui créent de la confusion dans l’esprit des consommateurs », pointe Carmen Etcheverry, chargée de mission agriculture pour FNE (France Nature Environnement). Et concernant plus particulièrement l’étiquette « zéro résidu de pesticides », elle dénonce « une promesse intenable ».

Cette étiquette a été lancée par le collectif Nouveaux Champs, qui comprend des grands acteurs des fruits et légumes (Paysans de Rougeline, Larrère, Fruits et compagnie, Pom’Alliance, Lindor…). Si elle garantit qu’aucun des pesticides recherchés n’a été trouvé dans les produits, elle ne signifie pas pour autant qu’un aliment ne contient aucun pesticide. Gilles Bertrandias, le président du collectif (et par ailleurs directeur général de Rougeline), se défend sur la méthode : « Nous recherchons tous les pesticides chimiques homologués depuis dix ans pour chaque espèce. Nous testons aussi les contaminations croisées. ».

Il tente également d’expliquer la différence de philosophie entre cette démarche et l’agriculture biologique. Cette dernière garantirait un « engagement de moyens », tandis que les labels nouvelle génération offriraient un « engagement de résultats ». « À la limite, des tomates bio peuvent très bien contenir plus de pesticides parce qu’elles peuvent être contaminées par l’épandage de produits phytosanitaires sur les champs voisins. Simplement, on ne les analyse pas », signale- t-il. « A contrario, les légumes « zéro résidu » sont parfois traités chimiquement bien en amont de la récolte et peuvent ainsi ne plus présenter de trace quand ils sont vendus ». Une argumentation rejetée en bloc par les associations environnementales pour qui le problème ne se situe pas uniquement dans l’assiette. Même s’il n’y a pas (ou peu) de traces de produits chimiques sur l’aliment,  leur utilisation provoque une dispersion dans l’air, dans l’eau et mettent en danger la santé des agriculteurs, des riverains et des écosystèmes. « Aujourd’hui, en France, 92 % des cours d’eau testés contiennent des traces de pesticides et plus de 25 % des pollinisateurs ont disparu ces trente dernières années », indique Carmen Etcheverry. Rappelons également que si l’étiquette  « Zéro résidu de pesticides » est apposée par un collectif privé, le label « AB » est délivré par le ministère de l’agriculture…

* France Nature Environnement, Greenpeace, Générations futures, LPO, Fondation pour la nature et l’homme, Eau & Rivières de Bretagne, Justice Pesticides, OGM dangers, Miramap, MABD, WWF, WECF, Attac France, Bio Consom’acteurs, Commerce équitable France.

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