L’industrie alimentaire lance bientôt son “application“ d’information aux consommateurs

Plusieurs applications pour smartphone, telles que Yuka, Kwalito ou Scan Eat, existent déjà pour informer les consommateurs sur la composition des produits alimentaires. Elles les notent en fonction de leur qualité nutritionnelle sur la base de données compilées de manière collaborative par les consommateurs eux-mêmes. Elles sont donc indépendantes des industriels de l’alimentation.

Ces derniers souhaitent reprendre la main sur les données liées aux produits qu’ils commercialisent. Trois organismes se sont associés à un projet baptisé NumAlim : l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA), le Fonds Français pour l’alimentation et la santé (FFAS), une organisation qui réunit acteurs économiques et scientifiques, et enfin GS1, l’organisme qui édite les standards, comme les codes barre et le QR code. Ils ambitionnent de créer une vaste bibliothèque numérisée qui comprendra la description des denrées alimentaires, leurs conditions de production, le moyen de les tracer, leurs caractéristiques nutritionnelles, l’impact sur la santé… Cette banque de données devrait aussi recenser des informations sur les achats et les comportements alimentaires via les tickets de caisse des enseignes ou leurs cartes de fidélité. Cela permettra de générer des algorithmes qui ouvriront ensuite la voie à la création d’applications.

NumAlim dispose d’un budget de 6,5 millions d’euros, financé pour moitié par l’État. L’objectif de ses concepteurs est maintenant de convaincre plus de 18 000 entreprises de l’alimentaire de mettre en commun certaines informations sur leurs produits. « Ainsi, nous pourrons établir une carte d’identité pour chaque aliment sur la base des informations des étiquettes », précise Daniel Nairaud, Directeur général du FFAS. Mais cela impliquera de dévoiler des secrets de fabrication. Il n’est pas encore garanti que toutes ces entreprises accepteront. Les porteurs de projet avouent que tout est encore en discussion.

Deux publics sont visés par NumAlim. D’une part le consommateur qui, selon Daniel Nairaud, dans un futur plus ou moins proche, « mangera en fonction de son microbiote et de son génome ». L’outil devrait alors permettre de mettre en place une alimentation sur-mesure. Il est toutefois légitime de douter qu’avec les divers scandales alimentaires, le consommateur fasse confiance à une application créée par des industriels… D’autre part, les professionnels à différents niveaux : les développeurs d’applications, start-ups et grands groupes du numérique qui pourront se servir des données collectées pour créer les applications, les PME-TPE qui pourraient s’en servir pour faciliter leurs achats mais aussi se rendre plus visibles, et enfin les distributeurs pour mieux gérer leur assortiment, la traçabilité, et surtout, les rappels et retraits. Néanmoins, en ce qui les concerne tous, ils devront d’abord adhérer à GS1 pour accéder aux données moyennant un montant allant de 80 à 4 000 euros par an, en fonction de leur chiffre d’affaires. Là encore, il faudra les convaincre de l’intérêt de NumAlim par rapport à la base de données gratuite et collaborative Open Food Fact, auprès de laquelle se fournissent déjà en informations les applications comme Yuka.

Le catalogue numérique GS1 sera disponible au second semestre 2019. « Cela sera le début de l’histoire. Le timing sera alors fonction de notre capacité à convaincre les marques d’alimenter la base », conclut Cédric Lecolley, Directeur commercial et filières chez GS1 France.

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