Lutter contre le gaspillage alimentaire

La loi Garot (dite loi anti-gaspillage alimentaire) a fêté ses 3 ans le 11 février dernier. Elle contraint les grandes surfaces à limiter le gaspillage, notamment en leur interdisant de détruire des denrées invendues encore comestibles. Mais certaines associations veulent aller plus loin pour réduire ce gaspillage, qui représente encore 10 millions de tonnes et coûte 16 milliards d’euros par an en France.

Pour cela, l’association France Nature Environnement et l’application Too good to go publient un livre blanc intitulé « Les dates de péremption, une idée dépassée ? », dans lequel elles questionnent la manière dont celles-ci sont définies et mises en place. En effet, il n’existe pas de normes nationales ni d’harmonisation au sein des filières. Ce sont donc les fabricants qui déterminent en interne les dates de péremption de leurs produits. Loin de remettre en cause leur légitimité (elles permettent d’assurer la sécurité alimentaire, la qualité nutritive et la traçabilité des produits), ce livre blanc met en avant la mauvaise compréhension des consommateurs. « Le choix du législateur d’employer la dénomination ‘Date de Durabilité Minimale’ ou ‘à consommer de préférence avant le/fin’ pour une date se rapportant à la qualité du produit crée la confusion chez le consommateur, qui l’assimile à une date limite à ne pas dépasser », écrit le rapport. Ainsi, près d’un Français sur deux ne comprendrait pas ces mentions et un quart d’entre eux ne consomme pas les produits dont la date est dépassée. Selon la Commission européenne, cette mauvaise interprétation des dates serait responsable de 20 % du gaspillage alimentaire dans les foyers français (10 % en Europe, soit « une valeur comprise en 3 et 6 milliards d’euros tout au long de la chaîne alimentaire »).

Le livre blanc préconise, entre autres, de repousser les dates de péremption d’un jour, ce qui aurait pour effet de réduire le gaspillage alimentaire de 170 000 kilos dans les ménages (et de faire économiser 350 000 € aux consommateurs). Mais pour Lucie Basch, de l’application Too good to go, « il est temps que les consommateurs fassent confiance à leurs sens : le visuel, l’odeur et le goût du produit ». Comme pour les fruits et légumes, ou encore certaines denrées vendues au détail (telles que le pain, les pâtisseries, le fromage en fromagerie…), pour lesquels une date n’est pas nécessaire pour savoir si le produit est encore consommable ou non, certains produits pourraient ne plus comporter de date de péremption car considérés comme impérissables (le sel, le vinaigre, le sucre…). Il convient aussi d’éduquer et de sensibiliser le grand public pour pallier des tendances de consommation « largement régies par l’habitude, la transmission familiale et les acquis culturels ».

 

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