Néonicotinoïdes : une interdiction avec des exceptions

Le 8 septembre dernier, la loi sur l’interdiction des pesticides néonicotinoïdes dits « tueurs d’abeilles » est entrée en vigueur. Ces pesticides répandus sur les grandes cultures depuis les années 90, sont parmi les plus vendus au monde. Ils se retrouvent partout : dans les sols, l’air, l’eau, les plantes et atterrissent même dans nos assiettes, avec des conséquences importantes sur notre santé. Des études (en anglais) ont établi un lien entre ces pesticides et les maladies autistiques, les malformations cardiaques. Ce sont aussi des perturbateurs endocriniens décrétés comme cancérigènes, ayant des effets sur la thyroïde, le foie et les testicules.

De plus, ces substances ont des effets néfastes sur la biodiversité puisqu’ils détruisent les « nuisibles » et les pollinisateurs comme les abeilles, mais également toute la faune du sol, de l’air et des rivières, indispensables au bon fonctionnement de l’écosystème. La loi de 2016 qui interdit ces « néonics » prévoit cependant certaines dérogations. Delphine Batho, ex-ministre de l’Environnement, à l’origine de cette loi appelle même «  à la vigilance, alors que de fortes pressions s’exercent pour que le gouvernement accorde des dérogations et contourne ainsi l’interdiction ».
Les écologistes craignent notamment des dérogations qui pourraient être accordées aux producteurs de maïs et de betteraves à sucre, soutenus dans leur demande auprès du gouvernement par la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats des Exploitants Agricoles). D’après eux, aucune solution de remplacement ne permettrait de pallier l’abandon des néonicotinoïdes.

Pourtant, selon l’Anses (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire), des alternatives « suffisamment efficaces et opérationnelles » existent pour remplacer la grande majorité des 130 néonicotinoïdes. Ces pesticides au nom imprononçable ne sont pas toujours là où on les croit. Ils sont autorisés pour des usages vétérinaires, dans les produits antipuces pour chiens et chats, par exemple. Actuellement, la loi sur l’alimentation, telle qu’elle a été adoptée en première lecture en juillet dernier, prévoit d’étendre l’interdiction des « néonics » aux substances chimiques ayant des modes d’action identiques. Reste à vérifier que la version finale de la loi n’aura pas été modifiée par l’influence de certains lobbys.

Partager