Nutrition : des experts préconisent des mesures plus concrètes

En novembre, un groupe d’experts sollicité par le ministère de la Santé a publié un rapport dans lequel il propose des mesures concrètes visant à faciliter les choix vertueux du consommateur. Le Programme national nutrition santé (PNNS), à l’origine de célèbres slogans tels que « manger 5 fruits et légumes par jour » ou encore « manger bouger » fête déjà ses 16 ans. Mais cette politique nutritionnelle centrée sur la pédagogie et la bonne volonté des industriels ne satisfait plus ces experts qui estiment que le gouvernement doit maintenant être plus interventionniste.
« Pendant longtemps, la politique nutritionnelle a visé à informer l’individu », rappelle Serge Hercberg, professeur de nutrition à l’université Paris 13, président du PNNS et coauteur du rapport au sein du Haut Conseil à la santé publique (HCSP). « Mais cela reste sans effet si l’environnement dans lequel il vit le pousse vers les mauvais choix. Si, par exemple, la nourriture la moins chère est aussi la moins équilibrée ». Le rapport préconise donc d’autres mesures, telles que :

  • demander aux entreprises de dédommager les salariés qui viennent travailler à vélo ;
  •  interdire la publicité et les offres promotionnelles (deux pour le prix d’un, « cadeau gratuit »)pour les produits les moins bons pour la santé (sucreries, sodas…) et taxer ces mêmes produits ;
  • instaurer des quotas de produits sains dans les distributeurs de snacks et boissons et installer des fontaines à eau gratuites à côté de ces mêmes distributeurs, etc.

Les experts ont par ailleurs choisi de s’appuyer sur le tout nouveau NutriScore, entré en vigueur récemment. L’idée serait de taxer les produits les plus mal notés (D et E) et d’encourager ainsi les industriels à modifier leur recette pour améliorer cette note nutritionnelle.

De son côté, l’Association nationale des industries alimentaires (ANIA) qui réunit 19 fédérations nationales et 20 associations régionales représentatives des industries alimentaires de France, estime que « le levier taxe ne fonctionne pas (…) Ce qu’il faut changer, c’est le comportement du consommateur ». L’association souhaiterait que les efforts déjà consentis par les industriels soient davantage mis en avant. Des progrès ont déjà été réalisés dans le cadre des 37 chartes d’engagements volontaires signées par des industriels avec le PNNS, comme des réductions de 5 à 25 % des teneurs en sel, lipides, sucres ajoutés ou acides gras saturés dans certains produits.

Mais pour le Professeur Hercberg, « en seize ans, l’autorégulation n’a pas montré son efficacité (…). Certaines [mesures] ne seront peut-être pas faciles à prendre et l’on se doute que cela ne se fera pas en un jour. Mais nos propositions sont à la hauteur de l’enjeu de santé publique. »

Le Ministère n’a pas encore officiellement réagi à la publication de ce rapport.

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