L’orthorexie, nouveau mal du siècle ?

L’orthorexie est un trouble alimentaire qui se caractérise par une obsession du « manger sain » au point de s’en rendre malade. Un terme encore peu connu en France (bien qu’entré dans le dictionnaire en 2012), mais déjà bien identifié et conceptualisé dans les années 90 aux États-Unis.

Les États généraux de l’alimentation, lancés le 20 juillet 2017, doivent tenter de trouver, d’ici novembre, des solutions à la crise agricole et aux défis agroalimentaires. L’un des thèmes centraux était le concept du « bien manger ». Le professeur de psychologie interculturelle, Patrick Denoux indique : « Nous vivons une mutation culturelle de l’alimentation qui nous amène à douter fondamentalement de ce que nous mangeons à cause de l’éloignement du producteur et du consommateur, de la délégation du contrôle par le consommateur à des institutions lointaines, des crises alimentaires… ». En effet, plusieurs crises ont semé le trouble ces dernières années, avec le traumatisme de la vache folle et de la grippe aviaire, le scandale de la viande de cheval, la bactérie E. coli retrouvée dans des steaks hachés, la corrélation entre consommation de viande rouge et cancer, etc. « On n’a jamais eu aussi peur de ce qu’on mange », confirme à l’AFP Pascale Hébel du Crédoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie).

C’est ainsi que de nouveaux modes alimentaires se frayent un chemin (végétarien, végan, sans gluten, crudivore, etc.) mais ne sont pas toujours sans risque quand cela devient obsessionnel et que les personnes suivant ces régimes perdent le contrôle. L’orthorexique exclut donc des aliments jusqu’à parfois provoquer des carences (affectant les muscles, les os, le système hormonal…) mais entraînant aussi des conséquences plus indirectes (isolement social, dépression, etc.).
Sophie Ortega, praticienne depuis 25 ans, interrogée par le Nouvel Obs, souligne la perte actuelle de repères chez ses patients : « Cela devient un casse-tête de remplir son chariot de supermarché et d’équilibrer ses menus. Il y a maintenant des aliments présentés comme des médicaments, on se dit que ça ne peut qu’être meilleur. » Mais cette médecin insiste : « la bonne alimentation inclut le végétal et l’animal, autorise « la spontanéité » et… « le plaisir » ». Il est plus que jamais utile d’informer et de guider le consommateur afin qu’il ne se fourvoie pas dans des pratiques trop restrictives au détriment de sa santé.

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