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La place du numérique dans le projet associatif en 2025

Depuis 2013, Solidatech et Recherches & Solidarités publient un baromètre visant à observer les évolutions des pratiques numériques au sein des associations. Dans la 5e édition de leur étude, les deux organismes explorent pour la première fois la place de l’intelligence artificielle dans le secteur.

Des usages numériques en progression

En novembre 2025, Solidatech (programme de solidarité numérique) et Recherches & Solidarités (Association à but non lucratif ayant pour vocation de mettre à disposition des acteurs et des décideurs des données objectives et régulièrement actualisées sur la vie associative) publient la 5e édition de leur étude « La place du numérique dans le projet associatif en 2025« , menée auprès de plus de 2 200 responsables associatifs dans le cadre d’une enquête nationale.

Près de la moitié des dirigeants (47 %) considère que leur association est en bonne voie dans ses pratiques numériques, parmi lesquels 26 % se disent « expérimentés » (+ 5 points par rapport à 2022). En revanche la part des association peu initiées reste stable, autour des 20 %. Pour la plupart, c’est en raison de l’émergence incessante de nouveaux outils qui ne leur permettent pas de s’adapter suffisamment vite.

Le numérique porté par une minorité de personnes

Toutefois, même du côté des associations qui se disent en bonne voie, la réalité est assez contrastée. En effet, si l’étude souligne l’implication plus importante des Conseils d’administration et Bureaux des associations (24 % en 2025 contre 18 % en 2019) – signe que le numérique est de plus en plus perçu comme un enjeu stratégique – ce sont souvent quelques bénévoles (24 %) ou salariés (30 %) qui concentrent les savoir-faire.

Une situation qui entretient « une dépendance fragile », nécessitant la diffusion d’une « culture numérique partagée ».

Parmi les difficultés rencontrées sont cités les facteurs humain (lever les appréhensions, trouver les compétences…), technique (trouver les outils, assurer la maintenance et la cybersécurité), financier (disposer des outils, renouveler le matériel et les abonnements, se former) et stratégique (garantir la cohérence du projet associatif).

Les usages numériques les plus courants se sont renforcés depuis la crise sanitaire : communication (80 %), animation du réseau (75 %), gestion (70 %). Aussi, les outils numériques sont bien ancrés dans le quotidien des associations : sites Internet, réseaux sociaux, visioconférence… tandis que d’autres sont encore peu exploités (le vote en ligne, la recherche de financements ou de bénévoles, ou encore le montage son et vidéo). A noter qu’une bonne part des associations interrogées privilégie les licences libres (43 %), principalement pour des raisons éthiques.

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L’essor de l’IA

Selon ce baromètre, 18 % des associations interrogées utilisent déjà des outils basés sur l’intelligence artificielle (IA), et 13 % sont en réflexion. Elles sont 70 % à se tourner vers cette technologie afin d’optimiser les tâches du quotidien et 59 % pour améliorer leur communication.

Globalement, l’IA suscite de la curiosité ainsi que de la prudence. Un tiers des dirigeants (28 %) déclare ne pas savoir comment leur association pourrait l’utiliser. De nombreuses craintes se font jour, en particulier en ce qui concerne l’éthique (la transparence, la non-discrimination, la protection de la vie privée et la préservation du lien humain) mais aussi le manque de compétences.

Par ailleurs, 35 % des associations n’ont jamais évoqué le sujet de l’IA, ce qui pourrait poser des problèmes de « shadow AI », c’est-à-dire l’usage informel d’outils d’intelligence artificielle par des employés sans l’approbation ni la supervision de la hiérarchie ou du service informatique. Une pratique qui peut se révéler délétère tant en termes de sécurité, de confidentialité, de gouvernance ou encore de réputation.

Face à l’accélération de la transformation numérique ces dernières années, avec le renouvellement permanent de nouveaux outils, les difficultés des associations persistent et nécessitent que chacune d’entre elles élabore une stratégie globale. Le rapport formule quelques pistes clés : ne pas perdre de vue le projet associatif, instaurer une culture numérique partagée (en fournissant à chacun un bagage de connaissances minimum), ou encore mener la mise en place d’un nouvel outil comme un projet à part entière.

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