Alors que le gouvernement avait annoncé, il y a un an, un retour à l’équilibre des comptes de la Sécurité sociale en 2019, la présentation du budget 2020 le 30 septembre dernier repousse l’échéance à 2023. Le déficit atteindra en effet les 5,4 milliards d’euros en 2019 et 5,1 milliards en 2020, soit un niveau comparable à 2017.
Les principaux facteurs en cause sont, tout d’abord, des prévisions de croissance trop optimistes. L’inflation et la masse salariale n’ont pas augmenté autant qu’espéré, réduisant en proportion les recettes attendues. Ensuite, des mesures d’urgences ont dû être adoptées à la suite des mouvements sociaux (dits « gilets jaunes »), telles que la baisse de la CSG pour certains retraités et l’exonération des heures supplémentaires, dont le coût total s’élèverait à 17 milliards d’euros. Ces décisions pèsent sur les comptes de la Sécurité sociale parce que le gouvernement a décidé de ne pas appliquer la loi Veil de 1994, qui impose, dans de telles circonstances, que les baisses de recettes soient compensées par l’Etat. En clair, c’est le budget de la « Sécu », et non celui de l’Etat, qui est majoritairement impacté. Un choix politique qui pourrait avoir des conséquences sur les retraites, puisque le régime devait être à l’équilibre pour permettre le lancement du nouveau système de retraite universel à points en 2025.
Le ministre de l’Economie, Bruno Le Maire, a reconnu : « Nous avons pris des décisions qui sont coûteuses […]. Et comme nous ne les avons pas intégralement compensées, cela se retrouve dans des déficits. ».
Les Français sont plutôt familiers du fameux « trou de la Sécu », formule utilisée pour la première fois par le président Georges Pompidou en 1967 ! Depuis, la Sécurité sociale n’a connu qu’une courte période dans le vert, entre 1998 et 2001…