D’après une projection réalisée par le cabinet Sia Partners, qui a passé au crible les stratégies des établissements bancaires en Europe, 12,6 % des points de vente français vont fermer d’ici fin 2020. C’est quatre fois plus que le rythme de fermetures d’agences observé en France entre 2012 et 2016. « On constate que les fermetures d’agences ont été beaucoup plus modestes en France que dans d’autres pays européens ces dernières années alors que la fréquentation a décliné partout, nous attendons donc un phénomène de rattrapage en France », explique Damien Schmitt, senior manager chez Sia Partners. En effet, seulement 3 % des agences bancaires ont fermé en France, contre 11 % en Italie, 12 % en Allemagne et 24 % en Espagne, pays particulièrement touché par la crise et dont la densité de points de vente était l’une des plus importantes d’Europe. De son côté, la France affiche une grande dispersion sur le territoire en termes de création de richesse, ce qui incite les banquiers à conserver des établissements disséminés un peu partout.
Aujourd’hui, la digitalisation des services change la donne. Si la souscription de produits bancaires s’effectue encore très majoritairement en agence (à 80 voire 90 %), d’ici deux à trois ans, cette part devrait radicalement baisser. À titre d’exemple, la BNP Paribas envisage de réaliser 50 % de ses souscriptions de produits de façon digitale d’ici à 2020.
Pour s’adapter, la cadence des fermetures devrait logiquement s’accélérer en France. Selon Damien Schmitt, « il devrait y avoir beaucoup de similitudes avec l’exemple allemand puisque la création de richesse est aussi dispersée dans beaucoup de petites villes ». En Allemagne, de nombreuses restructurations ont fait baisser la densité d’agences par millions d’habitants, qui est tombée à 387, contre 549 en France.
Toujours selon Sia Partners, les établissements français devraient renforcer la spécialisation de leurs agences sur des produits et des clientèles spécifiques, voire sur des horaires restreints afin de réduire la voilure sans pour autant se mettre en difficulté face à la concurrence. Au final, ce sont les régions à forte densité de population qui seront principalement impactées. En premier lieu, l’Ile-de-France, « plus exposée aux nouveaux acteurs et aux usages digitaux », rappelle Damien Schmitt.