Selon une étude menée par le CICR (Centre International de Recherche sur le Cancer), la part des cancers dits « évitables » c’est-à-dire attribuables à des facteurs de risque liés au mode de vie et à l’environnement, représente 41 % des tumeurs survenues chez l’adulte de plus de 30 ans, en 2015. Cette étude est novatrice dans la mesure où elle élargit le spectre des facteurs connus pouvant exposer les Français à des risques plus élevés de cancer, comme par exemple la consommation de viande rouge ou encore les expositions professionnelles au gaz d’échappement.
Selon Isabelle Soerjomataram qui a mené l’étude : « C’est une bonne nouvelle de savoir que l’on peut agir sur 40 % des cancers, en se concentrant sur treize facteurs de risque seulement. » Seulement 5 % des cancers proviendrait des prédispositions génétiques de chacun.
Sans surprise, le tabac et l’alcool restent les deux principaux facteurs à risque dans le développement d’un cancer représentant respectivement 20 % et 8 % des cas pour les deux sexes confondus.
Ensuite, chez les hommes, l’alimentation prédomine avec 5,7 % des cas alors que chez les femmes, c’est le surpoids et l’obésité pour 6,8 % des cas. Les infections, notamment celles du papillomavirus, sont responsables de plus de 6 300 cas de cancer, essentiellement du col de l’utérus.
Puis, viennent les expositions professionnelles (radon et radiations d’origine médicale), et les ultraviolets (mélanome). Enfin, la pollution de l’air extérieure, puis la présence d’arsenic et de benzène sont les derniers contaminants de la liste.
L’étude met en lumière également certaines habitudes de consommation et modes de vie qui pèsent sur les risques de développer un cancer. Le fait par exemple de ne pas manger suffisamment de fruits et donc de fibres est tout aussi négatif que de manger trop de viande rouge ou transformée. L’allaitement inférieur à six mois pour la mère induit une protection moins efficace contre le cancer du sein, tout comme le manque d’activité physique.
Toutefois, cette étude comporte des lacunes puisque tous les facteurs de risque ne sont pas répertoriés ; beaucoup sont encore méconnus. Mais, au moins « cet état des lieux a permis de mettre en exergue des lacunes scientifiques (comme les expositions chimiques), mais aussi le besoin de recherche pour identifier le rôle de facteurs de risques émergents (comme les perturbateurs endocriniens) », notent les principaux chercheurs de l’étude. Plus que d’être exhaustive, l’étude a pour objectif de révéler aux pouvoirs publics les facteurs à risque pour que ces derniers agissent en conséquence, par la mise en place de politiques publiques ciblées qui visent à prévenir les cancers « évitables », notamment ceux liés à l’alcool, au tabac, à l’obésité et à la pollution de l’air.