La pollution de l’air serait plus meurtrière que ce que l’on pensait. Une nouvelle étude (en anglais), publiée par des chercheurs allemands dans la revue European Heart Journal le 12 mars dernier, estime à 8,8 millions par an dans le monde le nombre de morts liées à la pollution atmosphérique. C’est deux fois plus que les précédents chiffres avancés, qui faisaient état de « seulement » 4,5 millions de décès. Elle serait plus mortelle que le tabac, « responsable de 7,2 millions de décès en 2015 selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS) », affirme Thomas Münzel, de l’université de Mayence (Allemagne), l’un des auteurs de l’étude. En France, on estime à 67 000 le nombre de morts chaque année en raison de la pollution, soit un taux de 105 décès pour 100 000 habitants.
Si les chiffres annoncés sont bien supérieurs à ceux des précédents travaux, c’est que les chercheurs allemands ont effectué leurs calculs avec un nouvel outil statistique, combinant les taux de mortalité et l’exposition aux particules fines PM2,5*, émises principalement par les énergies fossiles. En outre, ils ne se sont pas focalisés uniquement sur les risques de cancers ou de maladies respiratoires, mais également sur le lien avec les problèmes cardiaques. Les données épidémiologiques sont donc plus larges qu’auparavant.
Pour les auteurs de l’étude, il est « urgent » de baisser les seuils d’exposition aux particules fines. Actuellement, pour les PM2,5, la limite annuelle moyenne fixée par l’Union européenne est de 25 microgrammes par mètre cube. C’est 2,5 fois plus que les recommandations de l’OMS.
Le constat est préoccupant, d’autant plus que les enfants s’avèrent trop exposés alors même qu’ils sont les plus sensibles aux effets délétères de cette pollution. Ainsi, à Strasbourg, un tiers des crèches et écoles se trouvent à proximité d’une zone polluée ou très polluée au dioxyde d’azote. C’est une alerte lancée par Greenpeace dans le cadre d’une campagne nationale contre les véhicules diesel. D’après son enquête, 19 crèches et écoles sont à moins de 50 mètres d’une zone de pollution liée à l’automobile. L’organisation a mis en ligne une carte interactive permettant de connaître le classement des écoles en fonction de la situation de l’air dans un rayon de 50 mètres. En cause, le trafic routier sur les grands axes, à commencer par l’A35, mais aussi l‘A351 vers l’ouest, la route du Rhin vers l’est et les principales artères et boulevards (comme l‘avenue des Vosges par exemple).
Il y a fort à parier que l’Eurométropole de Strasbourg n’est pas la seule touchée. Et au vue des résultats inquiétants de l’étude sur la pollution atmosphérique liée aux énergies fossiles, il devient urgent de réfléchir à de nouvelles sources d’énergie.
* Valeur correspondant au diamètre en micromètre