Profitant de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques du 18 novembre, Santé Publique France publie une vaste étude sur les antibiotiques et la résistance bactérienne. Selon celle-ci, le fameux slogan de l’Assurance maladie « Les antibiotiques, c’est pas automatique » commence à produire des effets. De fait, le nombre de prescriptions de ces médicaments a baissé de 15 % entre 2009 et 2018.
Les antibiotiques en questions
Si cela est une bonne nouvelle, c’est parce que l’antibiorésistance constitue un enjeu majeur de santé publique. Définie comme la capacité des bactéries à résister à l’action des antibiotiques, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) la qualifiait de « menace grave d’ampleur mondiale » dans son rapport de 2014.
En effet, l’antibiorésistance est corrélée à l’utilisation massive des antibiotiques, générant progressivement une augmentation des résistances bactériennes. Elle menace ainsi à terme l’efficacité de ces traitements. Des conséquences déjà visibles, puisque le ministère de la Santé estime qu’en 2012 les infections à bactéries multi-résistantes ont provoqué près de 12 500 décès.
Comme le confirme Anne Berger-Carbonne*, au sujet du recul des prescriptions d’antibiotiques : « C’est une bonne nouvelle. Il en va de la santé de tous ».
La sensibilisation, facteur de la baisse des prescriptions
La lutte contre antibiorésistance s’articule autour de deux mécanismes :
- La prévention des infections ;
- L’utilisation raisonnée des antibiotiques.
Si le premier axe passe par la sensibilisation aux règles d’hygiène, le second demande une information accrue des professionnels de santé et du grand public afin de changer les habitudes.
En effet, la France reste un très gros consommateur d’antibiotiques (le troisième pays européen) avec 728 tonnes vendues en 2018 pour la santé humaine et 471 tonnes destinées aux animaux. Ainsi, les niveaux de consommation observés en santé humaine en France se situent encore 30 % au-dessus de la moyenne européenne.
En outre, malgré la baisse constatée des prescriptions, la consommation globale d’antibiotiques (exprimée en doses journalières) s’est simplement stabilisée sur les 10 dernières années dans l’Hexagone. Il apparaît donc nécessaire de maintenir les efforts en faveur d’un bon usage des antibiotiques auprès de tous.
Les personnels de santé face aux antibiotiques
On constate néanmoins une meilleure sensibilisation des jeunes générations à la question. Ainsi, les enfants sont la population la plus concernée par la diminution des prescriptions d’antibiotiques. Le recul est de 31 % pour les patients de moins de 5 ans et de 35 % pour les 5-14 ans.
Cela semble logique puisque ces classes d’âge sont très touchées par des pathologies d’origine virales, qui n’ont pas besoin d’être traitées par des antibiotiques. Le docteur Serge Smadja de SOS Médecins Paris explique qu’on observe également un facteur générationnel : « Je vois beaucoup de jeunes parents qui me disent qu’ils préfèrent que je ne leur prescrive pas d’antibiotiques pour leurs enfants. Ils sont plus méfiants que les générations précédentes ».
De plus, il apparaît que les jeunes médecins sont davantage sensibilisés à la question de antibiorésistance que leurs prédécesseurs. Ce, en raison de l’évolution de leur formation universitaire.
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*Responsable de l’unité Infections associées aux résistances aux antibiotiques à Santé publique France,