antibiorésistance

L’antibiorésistance responsable de 39 millions de morts d’ici 2050 ?

Les antibiotiques ont révolutionné la médecine, permettant de soigner de nombreuses maladies infectieuses et de sauver des millions de vies. Mais leur utilisation massive, et pas toujours opportune, les rend de moins en moins efficaces, allant jusqu’à engendrer un risque sanitaire mondial. Pour la première fois, une étude évalue l’impact de l’antibiorésistance à travers le temps et tente d’en estimer l’évolution.

L’antibiorésistance reconnue depuis l’origine

Le premier antibiotique, la pénicilline, a été découvert en 1928 par Alexander Fleming. Très rapidement, ce dernier a mis en garde contre le développement de résistances découlant de son utilisation excessive.

Pourtant, depuis, de nombreux médecins dans le monde entier prescrivent massivement des antibiotiques, participant à la « mutation » de certaines maladies qui deviennent plus difficiles à traiter en raison de l’antibiorésistance.

Par ailleurs, de mauvaises pratiques au sein d’élevages industriels intensifs ont contribué également à renforcer la résistance des bactéries aux antibiotiques. En effet, les agriculteurs y recourent notamment pour accélérer la croissance des animaux.

Or, des résidus de médicaments finissent par se retrouver dans l’assiette du consommateur, donc dans son organisme…

Selon les auteurs de cette nouvelle étude parue dans la revue médicale « The Lancet » (en anglais), plus d’un million de personnes dans le monde auraient succombé directement à l’antibiorésistance entre 1990 et 2021. Ils se sont penchés pour cela sur 22 agents pathogènes, 84 combinaisons entre pathogènes et traitements, 11 syndromes infectieux chez des personnes de tout âge, de 204 pays et territoires, via les données de plus de 520 millions de personnes.

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Jeunes enfants moins touchés

L’étude note toutefois que grâce à l’amélioration de la prévention et du contrôle des infections, le nombre de décès d’enfants de moins de 5 ans directement causés par l’antibiorésistance a chuté de plus de 50 % lors de ces trois dernières décennies.

En revanche, les infections sont devenues plus difficiles à traiter. En parallèle, sur la même période, les décès d’adultes de 70 ans ou plus ont augmenté fortement (+80 %) en raison de la plus grande vulnérabilité de ces personnes.

Le staphylocoque doré résistant à la méticilline (SARM) est l’agent pathogène responsable du plus grand nombre de décès dans le monde. Et les projections tablent sur une augmentation du nombre de victimes, dont le chiffre est estimé à 1,91 million par an d’ici 2050, soit 67 % de plus comparé à 2021. Au total, entre 2025 et 2050, l’antibiorésistance pourrait causer directement plus de 39 millions de morts à travers le monde et être associée à 169 millions de décès, estiment les scientifiques.

Cependant, certains scenarios moins pessimistes suggèrent qu’une amélioration du traitement des infections et de l’accès aux antibiotiques pourrait éviter 92 millions de morts dans le monde de 2025 à 2050, notamment en Asie du sud et en Afrique subsaharienne, selon les auteurs de l’étude.