boissons sans alcool

Boissons sans alcool : un tremplin vers les boissons alcoolisées ?

Des boissons sans alcool, mais qui ressemble en tout point à leur version alcoolisée, fleurissent sur le marché. Elles font craindre un glissement vers l’alcool des plus jeunes et personnes dépendantes.

« Dry january » de plus en plus populaire

Depuis 2013, le mois de janvier est associé au « dry january » (Janvier sec, c’est-à-dire sans alcool). L’initiative a été lancée par l’association britannique Alcohol Concern (devenue Alcohol Change) et vise à ne pas consommer d’alcool durant tout le mois. De nombreux Français se lancent chaque année ce défi.

Des boissons sans alcool proches de leur « grande sœur »

Les fabricants et distributeurs de boissons ne sont pas insensibles à cette tendance et proposent des versions d’apéritifs, vins et spiritueux au taux d’alcool compris entre 0 et 0,5 %. Les packagings sont souvent très proches des versions alcoolisées (forme de la bouteille, étiquettes…).

Mais le problème pour certaines associations comme Addictions France, c’est que ce type de boissons peut constituer une transition vers l’alcool, notamment pour les publics jeunes, voire mineurs, auxquels les bières, apéritifs, vins, spiritueux et cocktails sans alcool (comme le « virgin mojito ») peuvent être vendus en toute légalité.

Publicité déguisée pour l’alcool?

Le magazine 60 millions de consommateurs rappelle à ce titre que la démarche n’est pas nouvelle. Depuis les années 1990, les enfants peuvent trinquer au Champomy, une boisson rappelant le champagne jusqu’au bruit du bouchon qui saute dans les publicités en faisant la promotion. Le risque, pour ces associations, est de normaliser la consommation d’alcool.

De son côté, l’agence nationale Santé publique France indique que cela pourrait « faciliter un passage à la consommation de boissons alcoolisées » ; elle s’inquiète de la publicité indirecte, « notamment auprès d’un public jeune et dans les lieux où la publicité des boissons alcoolisées est interdite par la loi Évin ».

En revanche, pour alcooliers, l’opération est juteuse puisqu’elle leur permet d’étendre leur marque auprès d’autres cibles tout en conservant une clientèle qui décide de réduire sa consommation d’alcool.

Toutefois, 60 millions de consommateurs rappelle que les publicités pour ces produits obéissent aux mêmes règles que les boissons alcoolisées et que les mises en garde diffusées lors de l’achat sont identiques.

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Risque de confusion pour les personnes dépendantes?

Le risque de glissement concerne également les personnes dépendantes. Les fabricants de bières, vins, apéritifs, spiritueux et cocktails sans alcool communiquent sur un goût très proche, voire identique, à celui de l’alcool d’origine.

Pour Bernard Basset, président d’Addictions France, « c’est le message publicitaire et la confusion qu’il installe qui peuvent fragiliser les gens ». D’autant plus que selon la Ligue contre le cancer, la consommation d’alcool en France est « largement banalisée ».

Un tiers des Français dépassent les recommandations

L’association révèle que 31 % des Français dépassent les seuils limites recommandés. Un chiffre qui grimpe à 45 % chez les jeunes de 18 à 24 ans. Pour rappel, les autorités de santé publique recommandent de ne pas consommer plus de dix verres standard par semaine, et pas plus de deux verres par jour, avec au moins un jour d’abstinence par semaine.

Trop peu d’alternatives aux boissons sans alcool

Force est de constater que les alternatives dans les bars sont souvent assez pauvres, le plus souvent des sodas ou des jus de fruits. Mais Bernard Basset temporise : « De plus en plus de recherches sont faites pour offrir une plus grande diversité de boissons sans alcool, sans retomber dans le goût des boissons alcoolisées. Cela finira par déboucher sur une autre offre, moins manipulée. »

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