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« Bouilloires thermiques » : les Français souffrent de la chaleur chez eux

La fréquence des canicules augmente d’année en année et devrait doublée à l’horizon 2050 selon les informations du GIEC*. Si la fondation Abbé Pierre alerte régulièrement sur les « bouilloires thermiques » qui rendent certains logements presque inhabitables, elle regrette dans son dernier rapport l’inaction des pouvoirs publics.

5 000 décès liés à la chaleur

Les chaleurs accablantes des étés en France sont de plus en plus récurrentes avec des conséquences parfois dramatiques. En effet, selon les données officielles compilées dans le dernier rapport de la fondation Abbé Pierre, en 2023, 55 % des Français ont déclaré avoir souffert de la chaleur dans leur logement pendant au moins 24 heures.

Depuis 2013, le nombre de personnes vivant dans un logement trop chaud a augmenté de 26 %. Durant l’été 2023, le nombre de décès liés à la chaleur a été évalué à 5 000, dont 75 % chez les plus de 75 ans.

Logements mal isolés, mal ventilés

Plusieurs causes ont été identifiées, à savoir une mauvaise isolation ainsi qu’une mauvaise ventilation, mais également l’absence d’espaces extérieurs ou de volets. Les personnes âgées, jeunes et ménages modestes sont particulièrement exposés : les quartiers populaires manquent d’espaces verts, des îlots de chaleur se forment en raison de la bétonnisation des lieux de vie, les logements, de mauvaise qualité, sont souvent surpeuplés, enfin les locataires et propriétaires modestes ne disposent pas des moyens techniques et financiers pour effectuer les travaux de rénovation qui s’imposent.

« Bien au-delà de l’euphémisme du « confort d’été », c’est l’habitabilité des logements et leur capacité à protéger leurs habitants des conséquences sanitaires et sociales de la chaleur qu’il est urgent de prendre en compte » alerte Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.

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La rénovation des « bouilloires thermiques » n’est pas à l’ordre du jour

La Fondation déplore que « l’adaptation des logements ne figure toujours pas au cœur des politiques de rénovation et de lutte contre la précarité énergétique ». Or, la situation risque de s’aggraver, un Français sur sept habitant un territoire qui sera « exposé à plus de vingt journées anormalement chaudes chaque été d’ici 2050 ». L’adaptation de ces bouilloires thermiques se heurte trop souvent à des freins réglementaires et patrimoniaux.

En outre, la morphologie des villes est de plus en plus minérale avec un manque de végétation qui accentue le ressenti et les conséquences des canicules.

Sans réelle action des pouvoirs publics, la Fondation craint une prolifération des climatisations comme solution d’appoint, engendrant des hausses de factures énergétiques en plus d’une augmentation des gaz à effet de serre.

C’est pourquoi, parmi ses recommandations, la Fondation propose « d’intégrer systématiquement des travaux d’adaptation aux vagues de chaleur aux rénovations énergétiques subventionnées par l’État » ou d’instaurer un plan « grand chaud » pour protéger les personnes sans abri, elles aussi particulièrement vulnérables.
*GIEC : Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (organisme intergouvernemental chargé d’évaluer l’ampleur, les causes et les conséquences du changement climatique en cours).