L’avènement des caisses automatiques dans les grandes surfaces a permis aux distributeurs de faire des économies de main d’œuvre. Mais en contrepartie, il semblerait que de nouvelles techniques de vol aient été mises au point. La pratique la plus courante est appelée en anglais « banana trick », c’est-à-dire le tour de la banane. Cela consiste, au rayon des fruits et légumes, à apposer sur un produit coûteux une étiquette correspondant à un produit plus bas de gamme. Certains vont jusqu’à décoller le code barre d’un produit pour l’apposer sur un autre. D’autres encore ne prennent même pas la peine de scanner un des articles, le faisant passer en douce…
Le client scannant lui-même ses articles sur ce type de caisse, la tentation de la fraude est grande. D’autant que les contrôles ne sont pas toujours efficaces. On compte un seul salarié (hôte ou hôtesse de caisse) pour surveiller 4 ou 5 caisses automatiques et c’est lorsque ce dernier vient en aide à un client dont la machine s’est « bloquée » que d’autres en profitent pour « omettre » de scanner l’un ou l’autre article.
En 2015, une étude* conduite par le département de criminologie de l’université de Leicester, en Angleterre, sur l’utilisation de scanners manuels relevait que sur six millions d’articles inspectés pour une valeur totale de 21 millions de dollars, près de 850 000 dollars passaient à la trappe à cause d’articles non passés au scan, ce qui représente une perte de 3,97 % (contre 1,21 % à 1,47 % pour les autres types de vol dans les commerces britanniques). Difficile en revanche d’avoir une idée des chiffres en France, les distributeurs ne s’exprimant pas sur le sujet ! Des agents de sécurité interrogés par un journal local du côté de Toulouse confirment que les tentatives de vol à ces caisses sont récurrentes, « 3 à 4 fois par jour ». Ils précisent également que c’est une des zones les plus surveillées dans les supermarchés.
Selon les chercheurs de l’étude anglaise, la plupart des fraudeurs n’avaient pas l’intention de voler en entrant dans le magasin. C’est au moment du passage en caisse que certains s’octroient le droit de s’attribuer une ristourne. Plusieurs raisons à cela : premièrement, la déshumanisation (le fait d’être confronté à une machine plutôt qu’à une personne décomplexerait le voleur improvisé). Deuxièmement, le sentiment qu’en faisant le travail initialement du ressort de l’hôte(sse) de caisse, il est presque légitime de se récompenser…
Pourtant l’essor des caisses automatiques ne devrait pas s’arrêter. Ces dernières devraient atteindre en 2018 le nombre de 325 000, contre 191 000 en 2013. Une automatisation qui devra s’accompagner de quelques aménagements.
* Accès à l’étude (en anglais) : « Developments in Retail Mobile Scanning Technologies : Understanding the Potential Impact on Shrinkage & Loss Prevention ».