Tandis que les gynécologues obstétriciens pratiquent les actes de chirurgie et les accouchements, les gynécologues médicaux assurent le suivi gynécologique des femmes tout au long de leur vie. Ils exercent dans des cabinets installés en ville et sont de moins en moins nombreux. Entre 2007 et 2017, leur nombre a chuté de 47 %. Pis, selon le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM), six départements en sont totalement dépourvus. Depuis 1997, le Comité de défense de la gynécologie médicale (CDGM), créé par un collectif de gynécologues et de femmes, se bat pour que les femmes soient correctement suivies. Marie Stagliano, coprésidente du CDGM, s’alarme : « Aujourd’hui, il y a en moyenne trois professionnels pour 100 000 femmes en âge de procréer et donc de consulter, c’est très inquiétant ».
En cause notamment, le non-renouvellement générationnel. Sur les 1 054 médecins en activité en 2018, plus de la moitié ont 60 ans et plus. Et seuls 82 postes en internat ont été ouverts pour la rentrée de 2017… Mais ce déficit est surtout lié à la décision des pouvoirs publics de réduire certaines spécialités pour faire des économies et d’harmoniser les diplômes au niveau européen (la France étant le seul pays à enseigner la gynécologie médicale). Ainsi, « en 1987, le ministère a supprimé la spécialité gynécologie médicale, dans le silence le plus total », explique Marie Stagliano. La discipline a été finalement réintroduite en 2003.
Une pénurie qui n’est pas sans incidence sur la santé des femmes. Ces dernières se retrouvent parfois dans l’incapacité de décrocher un rendez-vous. Le CDGM a reçu en 2017 plus de 3 500 plaintes de femmes, portant notamment sur cette problématique. Elles se tournent alors vers leur médecin généraliste, mais ces derniers ne sont pas toujours en capacité d’assurer le suivi gynécologique de leurs patientes. Résultats : des défauts dans la prévention et l’accès à l’information sur la contraception, la sexualité et le suivi gynécologique des plus jeunes ; des dépistages tardifs, des frottis anormaux, une augmentation des cancers du col de l’utérus, des problèmes d’infections, des IST difficiles à détecter, des pathologies du sein, etc. Mais aussi, des suivis au cours de la ménopause qui ne sont pas assurés.
Le Comité de défense de la gynécologie médicale interpelle régulièrement le ministère de la Santé sur cette question. Il demande notamment la réalisation d’une campagne médiatique auprès des jeunes femmes et un plus grand nombre de places en internat. « Mais nous n’avons aucune réponse du gouvernement, alors qu’il faudrait qu’il prenne la question à bras le corps », déplore Marie Stagliano.