Les phosphates (forme de phosphore) sont des nutriments essentiels au bon fonctionnement de notre organisme, notamment des cellules osseuses (85 % du phosphore en stock est associé au calcium dans les os). L’alimentation en contient largement et les besoins sont bien couverts. Il n’y a donc pas de problème de carence, mais au contraire, plutôt des risques liés à un excès. Cela entraîne notamment des perturbations de l’absorption des autres minéraux.
L’Agence européenne de sécurité des aliments (Efsa) se charge d’évaluer régulièrement les effets des phosphates sur notre santé, en raison de leur présence dans notre alimentation. Le 12 juin dernier, elle a publié sa réévaluation de leur innocuité. Elle a pour cela calculé la dose journalière acceptable (DJA), soit la quantité qui peut être consommée quotidiennement pendant toute la durée d’une vie sans risque pour la santé. Les nouveaux résultats tablent sur 40 mg par kilo de poids corporel et par jour, exprimée en phosphore (à titre d’exemple, pour un adulte moyen de 70 kg, les besoins journaliers sont estimés à 2,8 g).
Les phosphates sont présents naturellement dans certains aliments (levure de bière, fromage, poisson, viande, fruits à coques…), mais ils sont également utilisés en tant qu’additif (E338 à E341, E343, E450 à E452) dans près de 108 applications alimentaires (émulsifiants et antioxydants notamment), dont certains à destination des nourrissons et jeunes enfants. Or, selon l’étude de l’Efsa, les apports moyens dépasseraient cette dose admissible chez les enfants et certains adolescents. Les principaux effets délétères ont été observés sur les reins. Par ailleurs, les adultes souffrant de déficit de la fonction rénale (environ 10 % de la population) sont également jugés à risque, même avec un dosage inférieur aux DJA établies (sachant que ces dernières ne prennent pas en compte cette population spécifique dans les calculs).
Enfin, des phosphates se trouvent également en grand nombre dans les compléments alimentaires. Les scientifiques de l’Efsa rappellent qu’il n’existe pas de dose limite réglementaire. Ils sont utilisés selon le principe quantum satis, c’est-à-dire autant que nécessaire pour obtenir l’effet escompté. Or, le cumul entre les aliments, les additifs et les compléments alimentaires peut entraîner des niveaux dangereux pour la fonction rénale. C’est pourquoi l’agence appelle à l’introduction de limites maximales dans ce type de compléments.