Pile de CD et de DVD, monceau de vêtements, montagne de livres et de journaux, prolifération de stylos, amas de vaisselles… Nous croulons sous les objets. Pourquoi ce bazar, et faut-il faire place nette ?
Pourquoi accumulons-nous ?
L’accumulation est un mécanisme de survie qui nous a permis, en tant qu’espèce, de lutter contre le froid ou la famine. Aujourd’hui elle est plutôt le symptôme d’une société de consommation qui nous pousse à acheter toujours plus. Titillés sans cesse par la publicité, la mode ou le marketing, il nous est souvent difficile de résister. Bien que nous repensions de plus en plus nos modes de consommation, il existe souvent un décalage entre nos volontés de moins consommer et l’achat compulsif d’objets dont nous n’avons pas toujours besoin. Les vêtements sont emblématiques de cette tendance, avec une profusion de collections toujours nouvelles, à très bas prix…
Divers facteurs nous poussent à accumuler : l’anxiété, en anticipant ce qu’il pourrait arriver (la fameuse formule consacrée « on ne sait jamais, ça peut toujours servir… »), la peur du vide existentiel (nous nous sentons rassurés au milieu de nos possessions), un attachement sentimental (l’objet réactive des souvenirs passés), la reconnaissance sociale (posséder le smartphone, une montre ou une gourde dernier cri par exemple).
Modérer sa consommation
Cela peut commencer par limiter l’entrée de nouveaux objets non essentiels dans le foyer. Les consommateurs sont d’ailleurs de plus en plus saturés, et tendent vers un matérialisme parfois plus cohérent : un « matérialisme signifiant », selon la formule employée par le sociologue Rémi Oudghiri, qui passe par une consommation plus modérée, des achats d’occasion, la réparation des objets… Mais modérer sa consommation c’est aussi travailler à résister aux achats d’impulsion, malgré les techniques mises en place pour nous faire craquer. Ainsi, de nombreux sites utilisent la technique du FOMO (Fear Of Missing Out), qui signifie littéralement « la peur de manquer quelque chose » (généralement une information sur Internet). Les communicants se sont emparés de ce phénomène pour en faire une véritable stratégie marketing, qui repose sur le sentiment d’urgence ou de rareté d’une offre pour pousser à l’achat : vente flash (offre promotionnelle à durée limitée), stock limité (indication du nombre de produits restants), etc.
Désencombrer…
Concernant le désencombrement à proprement parlé, il est parfois difficile de se lancer. Le sentiment d’être submergé peut vite décourager, d’autant qu’on ne sait pas toujours par où commencer.
On peut tout d’abord s’y engager quand on est prêt et se fixer un objectif atteignable, en définissant éventuellement une période précise afin de ne pas s’infliger de pression superflue. L’idée est également de ne pas passer trop de temps sur une tâche, car cela peut vite démoraliser. Par exemple, se fixer une heure pour trier ses étagères, et passer à autre chose. Ensuite, plutôt que de se consacrer à chaque pièce, préférer ranger par catégorie d’objets, en commençant par ceux qui ne comportent pas trop de charge émotionnelle, plus facile à trier (la vaisselle, les vêtements, les cosmétiques, etc.). Les livres font partie des objets les plus difficile à éliminer, bien qu’il existe de nombreuses solutions pour leur donner une seconde vie (dons à des proches ou aux Emmaüs, boîtes à livre, vente en ligne ou en brocante…). Quant au tri des photos et autres souvenirs, c’est souvent ce qu’il y a de plus pénible et qui sera réalisé en dernier.
Mieux vaut éviter les « au cas où », car le plus souvent, on ne sait pas vraiment à quoi on pourrait avoir à faire face. En outre, il ne faut pas hésiter donner ou vendre, plutôt que de se procurer de nouveaux rangements où l’on va surtout entasser plutôt que ranger…
Enfin, après avoir trié, donné, vendu, il convient de ranger ce que l’on souhaite conserver, en attribuant aux objets une place qui permet d’y avoir accès facilement.
Pour garder le cap, et s’il est difficile de trouver du temps pour certaines tâches, de nombreuses structure d’insertion alsaciennes proposent des services à la personne, comme de l’aide à domicile pour le ménage, le repassage, la confection de repas ou la garde d’enfants. Un bon moyen de se libérer du temps et de la charge mentale. Ces services permettent en outre de bénéficier de réduction ou crédit d’impôt. Retrouvez de bonnes adresses sur www.zigetzag.info
Un problème de riches ?
Ne perdons pas de vue qu’aujourd’hui en France, de nombreuses personnes vivent dans le dénuement par contrainte, et non par choix. Les populations les plus précaires n’ont pas le luxe de réfléchir à leurs possessions. Par ailleurs, cette démarche entraîne bien souvent un surcroît de charge mentale supportée par les femmes, qui s’occupent encore très majoritairement des tâches domestiques. Le problème vient aussi de milliers d’entreprises qui mobilisent d’énormes moyens pour nous faire acheter toujours plus. Alors que le dernier rapport du GIEC est particulièrement alarmant, la question est au moins autant d’ordre politique qu’individuel.
POUR ALLER PLUS LOIN
La technique BISOU
Une fois le désencombrement amorcé, une méthode peut être mise en place pour les futurs achats, afin d’agir en toute conscience et éviter de retomber dans les travers du « bordel organisé ». Pour cela, il existe la technique « BISOU », qui consiste à se poser cinq questions avant d’acheter :
– Besoin : cet achat correspond-il à un réel besoin (au sens de nos besoins psycho-affectifs) ?
– Immédiat : en a-t-on besoin tout de suite ou l’achat peut-il être différé ?
– Semblable : ne possède-t-on pas déjà un objet avec les mêmes fonctionnalités ? Peut-on se le faire prêter ?
– Origine : d’où vient l’objet ? (lieu de fabrication, matériaux utilisés, conditions sociales, impacts environnementaux, sanitaires…)
– Utilité : l’objet va-t-il réellement servir ? Combien de fois et combien de temps ?