Faux miel, vrai arnaque !

Certains produits n’ont de miel que le nom… Face à une hausse de la demande mais en parallèle une diminution de la production, les fraudes sont de plus en plus massives. En France par exemple, d’après l’Unaf (l’Union nationale de l’apiculture française), nous consommons en moyenne 45 000 tonnes de miel par an, alors que nous n’en produisons que 9 000 tonnes. D’où provient le reste ? Selon la Direction nationale des statistiques du commerce extérieur, le miel importé en 2015 provient principalement d’Europe pour les deux tiers, mais aussi d’Asie (23 %) et des Amériques (13 %). En France, le principal fournisseur reste la Chine avec  7 200 tonnes.

Mais ces « miels » importés ne sont pas toujours conformes. « Nous savons que des miels chinois sont reconstitués artificiellement, à partir de sirops de maïs ou de riz et enrichis avec des pollens. Cette production est suffisamment élaborée pour que les analyses de routine ne puissent pas détecter la fraude », indique Henri Clément, secrétaire général de l’Unaf.

D’une manière générale, c’est le grand flou sur l’origine des miels importés en France. L’étude réalisée en 2015 par Proteis à la demande du ministère de l’Agriculture français relève que « les origines géographiques des importations françaises ne permettent pas de déduire précisément l’origine des miels présents sur le marché français, étant donné l’importante activité de réexpédition des négociants européens (…). Ainsi, l’origine chinoise est probablement sous-estimée » en France. Par ailleurs, la plupart des miels d’importation se retrouvent dans la vente directe (sur les marchés et magasins spécialisés). 47 % des produits vendus dans ces circuits de distribution seraient frauduleux !

La réglementation européenne est sur ce point plutôt laxiste puisque, même si Bruxelles impose d’indiquer sur les pots « le pays ou les pays d’origine où il a été récolté », la directive de 2001 indique que si le miel est originaire de plus d’un État membre ou de plus d’un pays tiers, cette indication peut être remplacée par l’une des indications suivantes :

  • mélange de miels originaires de la Communauté européenne (CE) ;
  • mélange de miels non originaires de la CE ;
  • mélange de miels originaires et non originaires de la CE.

Voilà qui laisse une marge de manœuvre bien confortable pour les industriels les moins scrupuleux… C’est pourquoi plusieurs organisations syndicales, l’Unaf en tête, réclament une réforme de la réglementation européenne ainsi qu’un renforcement de l’information du consommateur. Le problème, c’est que la filière française manque d’une véritable interprofession. Sept syndicats revendiquent la représentation des apiculteurs français mais peinent à tenir une position commune.

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