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« Francisation » : Du faux made in France sur les marchés

De plus en plus de fraudes sont détectées sur des marchés, avec des fruits et légumes en provenance de l’étranger étiquetés « Origine France » (aussi appelée « francisation »)

34 % de taux d’anomalie

Lorsque des fruits et légumes en provenance d’Espagne ou du Portugal sont étiquetés « origine France », il s’agit d’un marquage trompeur que l’on appelle francisation. Un phénomène qui semble prendre de l’ampleur, selon Marie Suderie, porte-parole de la DGCCRF, qui témoigne auprès du magazine « 60 millions de consommateurs » : « Depuis le 1er janvier, plus de 4 600 contrôles de l’origine française (sur 10 000 prévus cette année) ont été réalisés, à tous les stades de la distribution (producteur, grossiste, primeur). Le taux d’anomalies est de 34 % ».

Les melons, poires, pêches ou nectarines sont les plus concernés, notamment parce que les productions françaises et étrangères se chevauchent.

Diverses techniques de fraudes ont été relevées, notamment le fait de décoller des étiquettes françaises d’un fruit pour les recoller sur un autre en provenance de l’étranger ou encore, de récupérer dans les déchets du marché des cagettes estampillées « France » pour y transférer des produits originaires d’autres pays. Toutefois, cette dernière technique est si répandue que de nombreux commerçants ne jettent plus ces cagettes sur place. Évidemment, les fruits avec une étiquette faussement françaises sont vendus plus chers.

Tromperie et concurrence déloyale

Ces arnaques sont particulièrement lucratives. En effet, les consommateurs français apprécient d’autant plus les produits « origine France » qu’ils leur accordent une qualité supérieure et une valorisation des producteurs locaux. Certains sont donc prêts à payer un peu plus cher. Cependant, pour des questions de budget, ils sont aussi nombreux à se rabattre sur les fruits et légumes étrangers, moins chers.

Les primeurs qui pratiquent ces francisations ne vendent pas leurs produits beaucoup plus chers que les produits étrangers, mais en vendront plus. Dans tous les cas, ils font une marge conséquente.

En outre, la francisation entretient une concurrence déloyale avec les producteurs français et porte le discrédit sur les produits « origine France ». Des commerçants honnêtes rapportent que des consommateurs les traitent de voleurs ; ces derniers sont trompés par le faux made in France qui reste moins cher et participe à la confusion et à la perte de confiance.

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Comment détecter la « Francisation »?

Pour détecter ces pratiques, la DGCCRF délivre quelques conseils :
–    Se méfier des prix particulièrement bas sur des produits catégorie 1 en début de saison (sauf si le fruit est abîmé ou avancé en maturité) ;
–    Prendre garde au prix moins élevé d’un produit par rapport à ceux pratiqués ailleurs sur le marché sur du « origine France » ;
–    Questionner les commerçants, certains travaillent en direct avec les producteurs, ce qui leur permet d’obtenir des prix intéressants ;
–    Être attentif à la provenance des autres fruits et légumes du marché. Si une majorité d’entre eux viennent de l’étranger, c’est que la saison n’a pas encore commencé en France. La présence d’un étal avec des produits estampillés français est donc potentiellement suspecte.