Gaspillage alimentaire : où en sont les distributeurs ?

Il y a deux ans déjà, le 11 février 2016, entrait en vigueur la loi relative à la lutte contre le gaspillage alimentaire. Le premier bilan semble plutôt satisfaisant.

Pour rappel, le texte interdisait aux distributeurs, sous peine d’amende, de rendre impropres à la consommation leurs invendus encore  consommables (notamment en les passant à l’eau de Javel). Il imposait aussi aux supermarchés de plus de 400 m² de conclure une convention avec des associations pour leur faire don de ces produits. Selon le baromètre 2018 des invendus en grande distribution réalisé par Ipsos pour Comerso, la quasi-totalité des enseignes interrogées (94 %) déclare pratiquer le don de denrées alimentaires invendues mais consommables. « Avant, un tiers des magasins ne donnaient pas, note Guillaume Garot, député PS et porteur du texte. La loi a donc généralisé les bonnes pratiques. ». Un résultat corroboré par Jacques Bailet, président du réseau des Banques alimentaires, qui a constaté une hausse du volume de dons de la part des grandes surfaces (qui représentaient déjà leur principale source d’approvisionnement). « En 2015, nous avions récupéré auprès d’elles 36 000 tonnes de denrées, sur un total de 105 000. En 2017, ce chiffre est monté à 46 000 tonnes sur 110 000, ce qui correspond à 92 millions de repas. »

La loi a également permis aux grandes surfaces d’affiner leur stratégie, notamment en calculant au plus juste leur stock. Le plus gros du gaspillage venait en effet en partie de leur peur de manquer de produits. De nouvelles pratiques ont émergé, comme le fait de solder des produits dont la date limite de consommation (DLC) approche ou encore la suppression pure et simple de la DDM date de durabilité minimale – ex-DLUO) sur les produits n’en ayant pas besoin type vinaigre, sels de cuisine, sucre solide… Quant aux fruits et légumes « moches » (hors calibre), ils étaient auparavant jetés ; désormais, ils sont vendus ou bien transformés en soupe ou en compote.

Il reste cependant un écueil, à savoir le tri des denrées données aux associations. Certains distributeurs ne prennent pas la peine de sélectionner les produits consommables et d’écarter ceux qui ne le sont pas. « Trop souvent, les associations sont considérées comme des centres de tri des invendus des grandes surfaces », note Jacques Bailet pour qui il faudrait lier les avantages de défiscalisation à la qualité des dons.

Ce principe de « donner plutôt que jeter » devrait bientôt s’appliquer à la restauration collective via la future loi sur l’agroalimentaire. Mais il est plus difficile à appliquer pour des repas préparés que pour des produits bruts. Enfin, il faut poursuivre le travail de sensibilisation et d’éducation auprès des particuliers, notamment des enfants. Selon l’ADEME (l’Agence de développement et de maîtrise de l’énergie), les ménages sont responsables de 20 % du gaspillage alimentaire…

Partager