Bien que l’étiquetage ait progressé, la composition des protections hygiéniques manque encore de transparence.
Les consommatrices veulent savoir !
En 2015, une jeune femme de 19 ans avait lancé une pétition à l’encontre de grandes marques de protections hygiéniques afin d’en connaître la composition. Elle avait récolté plus de 300 000 signatures. Six ans après, si l’étiquetage a progressé, des imprécisions perdurent.
En effet, les marques jouent la carte de la transparence en rendant certaines informations plus visibles sur leur site Internet ainsi que sur les emballages. Cette notion de transparence est par ailleurs devenue un argument marketing.
Transparence partielle
Cependant, le magazine 60 millions de consommateurs reproche aux industriels une transparence plutôt partielle. Certaines informations ne sont pas précisées, comme la nature des polymères synthétiques, perles de gel, microbilles superabsorbantes ou technologies de neutralisation d’odeurs.
De son côté, l’Anses (Agence de sécurité sanitaire) avait souligné le manque de renseignements sur les auxiliaires de fabrication dans un rapport publié en 2019. Cela concernait notamment la colle ou encore d’autres substances ajoutées (parfum, encres…).
Réglementation insuffisante
Aujourd’hui, près de 15 millions de femmes utilisent ce type de produits chaque mois. Or, il est toujours impossible d’en connaître la composition exacte. Maud Leblon, la directrice de l’association Règles Élémentaires résume la situation ainsi sur France Inter : « Les protections hygiéniques manquent de cadre. Elles sont moins réglementées qu’un sparadrap ou un rasoir jetable alors qu’elles sont utilisées de manière beaucoup plus intimes ».
Quant au ministre de la Santé Olivier Véran, il a qualifié cette question de « santé publique et de santé environnementale » sur la même antenne.
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Évolution de la législation
La législation devrait néanmoins évoluer. Le gouvernement prépare en effet un décret visant à obliger les industriels à publier « la consommation précise, exhaustive, en transparence de tout ce qui compose les tampons, les serviettes hygiéniques, les coupes menstruelles. Tous les produits d’hygiènes et de protections intimes ».
Ainsi, les emballages devront mentionner la liste exacte des matériaux et substances chimiques qui rentrent dans la composition des protections hygiéniques, ainsi que les effets indésirables graves et les précautions d’utilisation.
Pour le ministre de la Santé, cette évolution amènera les fabricants à modifier d’eux-mêmes la composition de leurs produits, au même titre que le Nutriscore dans l’alimentation a poussé les professionnels du secteur à faire des efforts sur les teneurs en sel ou en sucre des denrées alimentaires.
Le texte doit encore être négocié avec les fabricants pour une entrée en vigueur prévue au plus tard en janvier 2023.
À consulter : « Protections intimes : composition et choc toxique, toutes nos recommandations » (Anses – 28/05/2021).