Le magazine 60 Millions de Consommateurs (60) du mois de novembre 2018 publie une enquête intéressante sur la technique du « reciblage ». Une technique utilisée par des sociétés de marketing publicitaire pour traquer les Internautes qui naviguent sur le Web pour leur envoyer, par la suite, des publicités personnalisées par mail.
Dans les cas de figure étudiés par « 60 », une journaliste a consulté des sites Internet, sans effectuer d’achat. À aucun moment elle n’a transmis son adresse mail. Comment expliquer la réception de messages publicitaires dans sa messagerie en ligne alors qu’elle n’a jamais communiqué ses coordonnées au site en question, ni donné son consentement ? Les mails reçus indiquaient en petits caractères, en bas de page, soit la mention « ce message vous est adressé grâce à la technologie de reciblage Eperflex » soit « vous recevez ce message car vous êtes inscrit à la base club EMB ». Certains sites Internet ont donc recours à ces sociétés, qui utilisent les données de navigation individuelles (les cookies, des fichiers informatiques qui permettent de conserver des données utilisateur) et les recoupent à leur base de données comprenant des millions d’adresses mail. La question est de savoir comment ces adresses sont récoltées. Il est possible que l’Internaute ait donné une fois son autorisation pour recevoir des messages commerciaux sur un site Internet partenaire. Mais il est très difficile de remonter la piste pour trouver le moment où l’Internaute a consenti à la réception de mails publicitaires et à quels sites…
Dans son enquête, « 60 » est confronté à différents acteurs se rejetant la faute alors même que certaines sociétés n’existent plus… Pourtant, le nouveau règlement général sur la protection des données (RGPD), entré en vigueur le 25 mai dernier, renforce le principe de consentement lors de la collecte de données personnelles. « Le collecteur doit prouver qu’il y a eu consentement, explique Caroline Belotti, avocate en droit des données personnelles. Le consommateur bénéficie d’un droit d’accès sur les données traitées, et l’entreprise responsable du traitement doit pouvoir fournir, lorsque les données n’ont pas été collectées directement auprès du consommateur, toutes les informations disponibles sur la source. Si elle refuse de donner cette information ou est dans l’incapacité de la donner, ou si le consommateur n’est pas satisfait de la réponse, il peut saisir la Cnil. »
Si de son côté EMB France a déclaré faire un grand état des lieux de sa base de 16 millions d’adresses, les journalistes de « 60 » ont pu constater que le RGPD était à ce jour loin d’être respecté. Après avoir expressément demandé la suppression de leurs coordonnées à l’un des sites Internet visités, ils ont continué à recevoir des publicités de ce site par la suite…