Un récent rapport de la Commission européenne alerte sur une situation « critique » des cours d’eau en raison de la pollution, notamment à cause du mercure et des PFAS, les polluants dits éternels.
Des eaux polluées aux pesticides et nitrates
D’après les mesures de qualité des eaux de surface effectuées entre 2016 et 2021, seuls 39,5 % des masses d’eau de surface en Europe (lacs, fleuves, rivières…) sont dans un bon état écologique ou ont un bon potentiel écologique (contre 39,1% pour la période 2009-2015). Mais, moins d’un tiers d’entre elles (26,8 %) sont aussi dans un bon état chimique (contre 33,5 % en 2015). Le rapport note ainsi : « les eaux de surface se trouvent dans une situation extrêmement critique ».
Une détérioration significative dont les origines sont, d’une part, des mesures insuffisantes de lutte contre les pollutions, d’autre part une meilleure connaissance des eaux qui fait apparaître plus clairement ces constats.
Si l’état des nappes phréatiques s’est globalement amélioré entre 2015 et 2021, la Commission juge leur état inquiétant, en particulier en France où 31 % d’entre elles « sont polluées par des pesticides et des nitrates », à cause, notamment, de l’agriculture.
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Des objectifs européens qui ne seront pas atteints
La Commission en conclut que les États membres ne parviendront pas à atteindre les objectifs européens sur la qualité de l’eau en 2027. Elle s’inquiète d’ailleurs dans son rapport des orientations politiques prises par certains d’entre eux : « Il est inquiétant de constater que plusieurs États membres ont déjà indiqué qu’ils avaient l’intention de recourir largement aux dérogations* en 2027, soit en appliquant des objectifs environnementaux moins stricts, soit en reportant l’échéance ».
Jessika Roswall, commissaire européenne chargée de l’environnement, doit dévoiler dans les mois à venir une « stratégie sur la résilience de l’eau » et promet d’ici la fin de l’année une proposition pour réviser la loi qui encadre les substances chimiques en Europe (Reach) et mieux lutter contre les PFAS (des polluants synthétiques quasi indestructibles). Si Jessika Roswall reconnaît que l’opération sera coûteuse, elle met en avant quelques pistes envisagées, telles que des « crédits nature », que pourraient obtenir et réinvestir des agriculteurs ou des propriétaires forestiers vertueux en matière écologique. De leur côté, les ONG environnementales se montrent sceptiques face à cette proposition, craignant une nouvelle « financiarisation de l’environnement ».
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*Dérogations à la DCE (Directive-cadre sur l’eau de l’Union européenne)