Solitude des personnes âgées : la technologie peut-elle leur venir en aide ?

Ces dernières années, de nombreuses applications mobiles se sont développées pour répondre à l’isolement des seniors. Selon la Fondation de France, le phénomène se serait aggravé, le nombre de personnes âgées seules étant passé de 16 % en 2010 à 27 % en 2014. Ces applications s’adressent principalement aux proches, pour leur offrir des solutions permettant d’entretenir le lien. Il s’agit par exemple d’un abonnement mensuel pour envoyer par courrier postal des albums photos personnalisés des petits-enfants accompagnés de textes. Les éditeurs de ces applications mettent en avant la nécessité de conserver un lien social et d’apporter des « preuves d’amour », des éléments essentiels au « bien vieillir ». Dans la même mouvance, La Poste a développé le service « Veillez sur mes parents ». Les facteurs réalisent des visites (quotidiennes ou hebdomadaires) au domicile des personnes âgées moyennant un abonnement allant de 19,90 € à 94,40 € par mois, payé par les proches.

Mais ces services ne répondent pas forcément aux réels besoins des seniors. Pour le sociologue Michel Billé, spécialiste du vieillissement interrogé par le journal Le Figaro, les profils les plus fragiles ne sont pas visés par ces applications : « Le portrait type d’une personne âgée isolée est celui d’une femme, de plus de 80 ans, veuve, avec des revenus inférieurs à 1 000 € ». Ces nouveaux outils s’adressant aux personnes qui ont des proches, il s’agit là de pallier un problème de solitude et non d’isolement. Comme le précise Isabelle Sénécal, chargée de mission Plaidoyer pour l’association Petits Frères des Pauvres, qui lutte contre l’isolement des personnes âgées : « Sont considérées comme isolées les personnes ne rencontrant jamais physiquement les membres de leurs réseaux de sociabilité (famille, amis, voisins…) ou ayant uniquement des contacts très épisodiques avec ces différents réseaux », un phénomène qui touchait près de 300 000 personnes en 2017. L’association craint aussi « une marchandisation du lien social ». Elle exprimait déjà des réticences face au nouveau service de La Poste qui s’adresse aux personnes ayant un entourage, et donc fortement susceptible d’exclure les publics les plus concernés par des problèmes d’isolement.

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