La décharge Stocamine basée à Wittelsheim (Haut-Rhin) est un site dans lequel sont enfouis depuis 20 ans 40 000 tonnes de déchets toxiques (arsenic, cyanure, amiante, mercure…). Le site a fermé en 2002, soit trois ans seulement après son ouverture, suite à un incendie. Depuis, le devenir de ces déchets, enterrés à 600 mètres de profondeur, alimente régulièrement le débat politique en raison du risque majeur de pollution de la nappe phréatique d’Alsace, l’une des plus importantes d’Europe.
Tandis qu’un rapport parlementaire préconisait d’évacuer ces déchets « si cela est techniquement possible, afin de ne pas faire peser un risque grave sur l’environnement, mais également sur la population (…) », le ministère de la Transition écologique et solidaire en a décidé autrement. Il considère dans une lettre rendue publique que « la solution la plus adaptée demeure la poursuite du chantier de confinement des déchets restants, sans déstockage supplémentaire ». Il s’appuie pour cela sur une étude du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM), commandé il y a quelques mois par Nicolas Hulot, à l’époque encore ministre de la Transition écologique. Si l’étude démontre que le déstockage est « techniquement faisable », ce sont les coûts et les moyens techniques inédits à mettre en œuvre qui ont poussé le gouvernement à opter pour le confinement. Ainsi, laisser les déchets représente un risque de pollution de la nappe et coûterait 80 millions d’euros de travaux pour le confinement. Mais les enlever représente des risques d’accidents du travail, une mobilisation d’engins inédite et coûterait entre 300 et 400 millions d’euros…
Cette décision ne satisfait ni les élus locaux, ni les associations environnementales. L’un des coauteurs du rapport parlementaire, le député La République en marche (LREM) du Haut-Rhin, Bruno Fuchs, a condamné « sans réserve » cette décision prise sans aucune concertation, qui « va à l’encontre de l’esprit du grand débat national». De son côté, l’association Alsace nature dénonce une décision qui « n’est pas acceptable, parce qu’elle acte la pollution à petit feu de la plus grande nappe phréatique d’Europe » et ajoute que « financièrement, ce sont des choses qui doivent être couvertes par les responsables de ce problème ».