Les systèmes de téléassistance existent depuis une trentaine d’années et ce sont près de 600 000 bénéficiaires en France qui en sont équipés. Un télétransmetteur est installé au domicile de la personne (âgée et/ou handicapée) et lui permet de communiquer, par liaison téléphonique, avec un plateau de téléassistance à l’écoute 7 j/7 et 24 h/24. Pour déclencher l’appel, il suffit de presser sur le bouton d’un bracelet ou d’un médaillon qu’on porte sur soi.
Aujourd’hui encore, la téléassistance s’appuie quasi exclusivement sur le réseau téléphonique commuté (RTC) d’Orange, autrement dit les lignes fixes. Or, l’opérateur a récemment annoncé l’arrêt de cette technologie devenue obsolète. Hervé Meunier, président de l’Afrata (Association française de téléassistance) précise que « l’arrêt du RTC sera progressif. La fermeture des premières plaques géographiques n’interviendra qu’en 2022 ». Ce qui ne pénalisera en rien les abonnés actuels.
Le secteur doit donc se moderniser « pour devenir numérique, mobile et automatique », résume Jérôme Arnaud, président de Silver Valley, réseau dédié à l’innovation dans l’économie des seniors. Dès 2018, il faudra opter pour des solutions numériques basées sur les réseaux IP des Box Internet ou les réseaux de téléphonie mobile 3G/4G. Mais cela ne va pas sans poser de problème, en premier lieu, le risque de coupure : sans courant, pas de téléassistance ! Et les microcoupures sont encore assez fréquentes en milieu rural… L’autre frein concerne la fiscalité. S’agissant de service à la personne, le système ouvre droit à un crédit d’impôts de 50 % sur les dépenses engagées pour les bénéficiaires. Mais la DGE (Direction générale des entreprises, entité du ministère de l’Économie) définit la téléassistance comme un service qui permet « aux personnes âgées, handicapées ou isolées de rester à leur domicile ». Donc si elles sortent de chez elles, il ne s’agit plus de téléassistance et l’avantage fiscal ne peut plus être accordé. « Il y a un paradoxe entre le discours du corps médical, qui ne cesse d’expliquer qu’il faut bouger, que les sorties et le lien social sont indispensables pour rester en forme, et l’État qui semble vouloir cantonner les personnes âgées à leur domicile », s’étonne Hervé Meunier.
Enfin, une autre problématique entrave le développement de nouvelles technologies, c’est la réticence des téléassisteurs traditionnels qui s’inquiètent : « Nous devons être absolument certains qu’un produit est fiable avant d’envisager de le déployer. Nous assurons la sécurité de personnes fragilisées », explique Hervé Meunier. Et les conséquences d’une défaillance peuvent être désastreuses car la responsabilité pénale des téléassisteurs pourrait être engagée. Certains prennent les devants, comme Groupama pour son offre Noé, en indiquant des clauses restrictives de responsabilité dans leurs contrats.
L’UFC-Que choisir donne quelques conseils pour bien choisir un service de téléassistance :
- Ne pas chercher les prix les plus bas qui peuvent réserver de mauvaises surprises (entretien de l’appareil non pris en charge, nombre d’appels à la plateforme limité avec facturation des communications en sus, etc.). Un service coûte entre 10 et 50 €/mois (en plus de l’installation, environ 90 €) ;
- Éviter de souscrire une durée d’engagement. Ce type de service est susceptible d’être utilisé sur une courte période (avant un placement en maison de retraite ou un décès par exemple) ;
- Désigner au minimum deux référents pouvant être contactés, avec des coordonnées toujours à jour. Si le téléassisteur ne parvient pas à joindre de référent, il fera intervenir les secours. Or l’intervention de ces derniers peut être facturée !