Les chenilles processionnaires sont un fléau de plus en plus répandu, partout en France. Deux espèces ont un impact sur la santé humaine : la processionnaire du pin (Thaumetopoea pytiocampa) et la processionnaire du chêne (Thaumetopoea processionea). Ces larves de papillons de nuit sont très urticantes et représentent un danger pour les humains et les animaux domestiques. L’Anses indique : « il n’y a plus aucun département qui échappe à l’une ou l’autre des espèces ».
A la dernière étape de son développement, la processionnaire du chêne reste dans l’arbre tandis que la processionnaire du pin descend le long du tronc pour s’enfouir dans le sol à plusieurs mètres. Elle peut y rester des années avant de se métamorphoser. Les adultes, pouvant mesurer jusqu’à 4 centimètres, se déplacent en file indienne, en cordon de plusieurs centaines d’individus. Elles sont alors susceptibles de croiser des promeneurs, riverains et animaux domestiques. Très visibles, les enfants risquent de les attraper facilement et les porter à la bouche, ce qui présente un risque majeur d’intoxication.
Une procession de risques
Les risques existent en toute saison. De fait, les nids vides contiennent des poils urticants que le vent peut emporter sur des dizaines de mètres. Ils se déposent sur les vêtements, le pelage des animaux, le matériel de jardinage… Ces poils renferment une toxine qui, une fois libérée, provoque une réaction similaire à celle des piqûres d’ortie.
Une étude de l’Anses menée de 2012 à 2019 sur 1 200 expositions recensées rapporte que 90 % des cas relevaient d’expositions cutanées bénignes. Moins de 5 % étaient de gravité moyenne (le plus souvent au niveau des yeux). Des troubles respiratoires sont observés en cas d’inhalation. Enfin, les poils portés à la bouche par les enfants peuvent provoquer un œdème du visage et de la gorge, des difficultés pour respirer.
En ce qui concerne les animaux domestiques, une exposition aux poils urticants sur leur pelage ou leur gueule peut provoquer des réactions inflammatoires très graves jusqu’à une nécrose de la langue. Un animal touché doit être confié sans attendre à un vétérinaire.
Quelles mesures face à la prolifération des chenilles
Pour limiter les risques, l’Anses recommande de ne toucher ni les chenilles ni les nids et de ne pas s’approcher des processions. Elle conseille également d’éviter de faire sécher du linge à l’extérieur à proximité d’arbres infestés. De même, mieux vaut prendre garde en tondant la pelouse et de bien laver les fruits et légumes cueillis dans un secteur exposé.
Les chenilles processionnaires sont donc classées comme espèces nuisibles pour la santé. Cela contraint les autorités régionales et locales à mettre en place des traitements et stratégies pour lutter contre leur prolifération quand le risque d’impact sur les populations et animaux domestiques existe. Faute de moyens d’éradication totale, seule la gestion de leur multiplication permet de réduire les risques. La réintroduction de leurs prédateurs naturels (chauves–souris, mésanges…) est également à l’œuvre. Enfin, une action sur le paysage peut être une solution, en privilégiant les essences d’arbres que ces chenilles évitent, comme le bouleau cendré.
Les personnes exposées doivent se doucher en se rinçant soigneusement pour éliminer les poils urticants. En cas de détresse respiratoire ou perte de connaissance, elles doivent appeler le 15, le 112 ou le 114 pour les personnes sourdes et malentendantes. Les lésions aux yeux doivent amener à se rendre chez un ophtalmologue rapidement. En cas d’inflammation ou intoxication (rougeur, démangeaison), l’Anses invite à contacter un centre antipoison ou consulter un médecin.