Le déploiement de la technologie de communication de « 5ème génération », aussi appelée 5G, arrive à grand pas dans l’Hexagone. La procédure d’attribution des fréquences aux opérateurs a été lancée le 30 décembre 2019 par l’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) et les premières offres grand public sont attendues d’ici la fin 2020. Cette nouvelle technologie s’appuie sur la mise en place de nouvelles infrastructures permettant de transférer plus rapidement des quantités plus importantes de données. Son déploiement suscite toutefois des interrogations quant à ses effets sanitaires et environnementaux. L’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) a donc été saisie en juillet 2018 pour évaluer les risques liés à l’exposition de la population aux champs électromagnétiques découlant de la 5G. En attendant les résultats définitifs de son expertise qui seront disponibles au 1er trimestre 2021, l’Agence a publié le 26 janvier 2020 son rapport préliminaire sur le sujet.
Dans ce rapport, elle conclut à « un manque important voire à une absence de données scientifiques sur les effets biologiques et sanitaires potentiels liés à l’exposition aux fréquences autour de 3,5 GHz ». Autrement dit, il lui est impossible à l’heure actuelle d’évaluer les risques liés à la 5G. L’Agence demande donc aux opérateurs de lui faire part de l’ensemble des informations techniques sur le type d’antennes déployées et leur puissance afin de pouvoir estimer les niveaux d’exposition des populations, et d’en évaluer l’impact sanitaire éventuel. En effet, comme l’indique Olivier Merckel, chef d’unité d’évaluation des risques à l’Anses : « Aujourd’hui, on ne peut pas encore dire si les Français seront davantage exposés aux champs électromagnétiques. Le niveau d’exposition va beaucoup dépendre de l’usage qui sera fait de la 5G. Tant que le déploiement n’est pas fait, nous pouvons seulement faire des simulations à partir de différents scénarios d’exposition ». Il poursuit : « Selon les données des opérateurs, les niveaux seront limités dans l’espace par rapport au réseau actuel mais l’usager sera a priori plus exposé puisque soumis à plus de puissance et plus de débit à travers son smartphone ».
Fortes de ces incertitudes, les associations Agir pour l’environnement et Priartem-Electrosensibles préparent actuellement un recours devant le Conseil d’État afin de faire annuler l’arrêté du 30 décembre dernier relatif aux modalités d’attribution de fréquences dans la bande 3,5 GHz. « Une fois de plus, la France fait les choses à l’envers : on déploie d’abord la 5G et après on regarde s’il y aura des impacts, déplore l’avocat des associations, François Lafforgue. Au nom du principe de précaution, une évaluation environnementale et sanitaire aurait dû être lancée ». Du côté des chercheurs aussi on attend des études sur les risques sanitaires liés à la 5G. Le professeur d’oncologie Lennard Hardell et son collègue Rainer Nyberg réclament ainsi un moratoire dans un article publié le 22 janvier dans la revue Molecular and Clinical Oncology. Ils font suite à un appel, lancé en septembre 2017 par plus de 180 chercheurs et médecins qui demandaientt à ce que le déploiement de cette technologie soit gelé au niveau européen en attendant que des études indépendantes soient menées. En effet, comme le rappelle le journal Le Monde, « en 2011, le Centre international de recherche sur le cancer a classé les radiofréquences […] comme cancérogènes possibles pour l’homme ». Or, les deux nouvelles bandes de fréquences 5G sont autour de 3,5 GHz et 26 GHz.
Sur le plan environnemental, la 5G rencontre également des critiques. Entre obsolescence annoncée des téléphones mobiles et hyperconsommation numérique et énergivore, The Shift Project, think tank travaillant sur la transition énergétique, estime que « la consommation d’énergie des opérateurs sera multipliée par 2,5 à 3 dans les cinq ans à venir, soit une hausse de 2 % de la consommation d’électricité du pays », alors même que la réduction de la consommation énergétique finale de 50 % en 2050 par rapport à 2012 est l’un des objectif de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte (LTECV) du 17 août 2015.
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À retenir :
- Le déploiement de la 5G est lancé en France. La procédure d’attribution des fréquences aux opérateurs télécoms a débuté le 30 décembre 2019 et les premières offres seront accessibles à la fin de l’année 2020.
- Chargée d’étudier les risques liés à l’exposition de la population aux champs électromagnétiques induits par la 5G, l’Anses convient d’un manque voire d’une absence de données scientifiques sur les effets potentiels liés à l’exposition aux fréquences de cette nouvelle technologie dans son rapport préliminaire du 26 janvier 2020. Les résultats finaux de son expertise sont attendus pour le 1er trimestre 2021.