Des médicaments bientôt en vente au supermarché ?

À l’heure actuelle, les médicaments délivrés sans ordonnance ne peuvent être vendus que dans une pharmacie. Dans un avis rendu le 4 avril dernier, l’Autorité de la concurrence s’est dite favorable à l’élargissement des ventes aux parapharmacies et à la grande distribution. Une proposition rejetée par Agnès Buzin, ministre de la Santé.

Selon le baromètre annuel de l’Afipa (Association française de l’industrie pharmaceutique pour une automédication responsable), les Français dépensent chaque année 2 milliards d’euros en automédication. Cela représente 12,9 % du marché total du médicament en France, contre 24 % pour l’Europe. Les prix de ces médicaments sont fixés librement par les pharmacies. Si d’après ce baromètre, ils sont moins chers en France que la moyenne européenne (4,81 € contre 5,75 €), ils peuvent fortement varier d’une officine à l’autre, même au sein d’une même ville. C’est le constat fait par l’UFC-Que choisir qui a mis en évidence dans une récente enquête des écarts de prix injustifiés pour un même médicament (jusqu’à 4,50 € de différence). Les prix des médicaments non remboursés ont par ailleurs augmenté de 29 % en 10 ans.

C’est pour faire face à ces dysfonctionnements concurrentiels que l’Autorité de la concurrence réitère son avis favorable à une libéralisation encadrée du marché de l’automédication. Cela concernerait donc les médicaments traitant les maladies saisonnières (rhumes, maux de gorge, maux de tête…) ainsi que les dispositifs d’autodiagnostic (glycémie, dépistage du VIH…), sous le contrôle d’un pharmacien qui devra être présent en permanence afin d’apporter ses conseils. L’Autorité estime que cela pourrait contribuer à faire baisser les prix de près de 15 %.

Si les associations de consommateurs sont également favorables à cette mesure, la ministre de la Santé craint de son côté que cela ne fragilise les petites officines en zone rurale « qui sont souvent les premiers recours pour les personnes malades ». Il est vrai que le parc officinal en France est très fragmenté : particulièrement dense en ville mais très clairsemé dans les zones périurbaines et rurales.

Pourtant, ce ne n’est pas ce segment d’achat qui semble le plus porteur. En effet, les ventes de médicaments sans ordonnance sont en baisse constante depuis quelques années. Toujours selon le baromètre Afipa, elles représentaient 2,1 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour les officines en 2018, soit une baisse de 4,6 % par rapport à 2017 (année où les ventes en automédication étaient déjà en recul de 5,3 % par rapport à l’année précédente). En parallèle, les Français privilégient de plus en plus les alternatives dites « naturelles » (l’aromathérapie), qui est un secteur en pleine expansion.

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