La pandémie de Covid-19 a un effet non négligeable sur la consommation des Français. Ces derniers ont massivement investi les supermarchés pour faire des stocks de nourriture et de produits d’hygiène, ce qui a également entraîné des conséquences sur la disponibilité des produits et leur coût. Mais les médicaments aussi risquent de venir à manquer…
L’UFC-Que choisir surveille régulièrement les prix des produits de première nécessité depuis le début du confinement. Or, si les prix des produits de grande consommation ont très peu évolué, les consommateurs ont la nette impression de payer plus cher leurs courses, ce qui est tout aussi exact. La raison de ce paradoxe, c’est la pénurie engendrée par la forte hausse des achats au cours des dernières semaines, qui ne se répartissent pas uniformément dans tous les rayons. Les clients achètent en premier lieu les produits les moins chers, qui se retrouvent rapidement en rupture de stock. Résultats, les clients suivants sont contraints d’acheter des produits plus onéreux, faisant grimper le prix moyen de leurs courses. Selon l’association, l’impact de ce cumul prix/montée en gamme a entraîné une hausse de 2,4 % du panier habituel dès la deuxième semaine de confinement.
Les consommateurs ont également constaté une augmentation du prix des fruits et légumes en grande surface. Une décision justifiée par le président de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), Jacques Creyssel, pour « donner la priorité aux produits français ». Or, les produits français sont plus chers que ceux importés. A titre d’exemple, selon des données transmises par la FCD, les fraises françaises coûtent 74 % de plus que les espagnoles. Quant aux tomates, elles sont à 1,80 € le kilo en France contre 1,10 € en Espagne. Mais la hausse des prix des fruits et légumes s’explique aussi par le manque de main d’œuvre agricole et l’augmentation du coût du transport, qui aurait grimpé de 16 % selon l’Association nationale des industries alimentaires. Pourtant, il est encore possible de se procurer des produits frais locaux, souvent bio, en circuit court. De nombreux producteurs maintiennent leur activité en vente directe ou via la livraison de panier. Pour mémoire, la limitation des déplacements dans un rayon d’1 km ne concerne que les promenades, pas les courses.
Enfin, une autre pénurie inquiétante est à craindre, celle des anesthésiques et antibiotiques donnés aux patients gravement atteints du Covid-19. Le Gouvernement a indiqué que la consommation de médicaments indispensables aux patients sous respiration artificielle a bondi de 2 000 % depuis le début de la pandémie. Les services hospitaliers sont contraints de rationnaliser l’utilisation des produits anesthésiques. De nombreux médicaments risquent d’être en rupture de stock. En cause, la forte dépendance des pays européens. Ce sont entre 60 et 80 % des principes actifs qui sont issus de Chine ou d’Inde, des pays fortement touchés aussi par la pandémie. Le ralentissement, voire l’arrêt, des chaînes de production et de l’exportation a augmenté ce risque de pénurie. Le manque d’antibiotiques est aussi très inquiétant car ces derniers permettent d’éviter les surinfections bactériennes qui affaiblissent davantage les corps et accélèrent le risque de mortalité. Des systèmes d’entraide interrégionaux sont mis en place pour permettre aux établissements détenant des stocks de les mettre à disposition de ceux qui en ont le plus besoin. Mais ce n’est pas vraiment la solution selon Patrick Léglise, vice-président du Synprefh (Syndicat national des pharmaciens des établissements publics de santé) car « quand les produits vitaux face au Covid-19 sont en tension quelque part, ils le deviennent rapidement partout ».