La Cour des comptes dresse un bilan suite au déploiement et l’utilisation des compteurs Linky. Les gains d’efficacité ne se révèlent pas à la hauteur des attentes des pouvoirs publics.
Déploiement de masse réussi
C’est à partir de 2015 que le compteur communicant Linky a été déployé massivement dans les foyers français. De nombreux consommateurs se sont opposés à son installation, l’accusant de divers maux (ondes nocives, risques d’incendie, collecte de données personnelles…). Au final, l’obligation d’installer le compteur communicant s’est imposée et, malgré un ralentissement du programme en 2020 en raison de la crise sanitaire, 90 % des foyers étaient équipés au 31 décembre 2023 (soit 34 millions de compteurs posés).
La Cour des comptes souligne ainsi le succès du déploiement de masse qui s’est opéré entre 2016 et 2021, pour un coût de 4,6 milliards d’euros, inférieur de 18 % aux prévisions initiales. En outre, les contentieux liés à l’exposition aux ondes électromagnétiques ou à la protection des données individuelles se sont apaisés progressivement.
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Innovations commerciales insatisfaisantes
Toutefois, ces nouveaux compteurs devaient répondre à trois objectifs principaux :
– Améliorer le fonctionnement du réseau tout en baissant les coûts (notamment en facilitant les interventions à distance en cas de panne) ;
– Faciliter l’ouverture du marché de l’électricité à la concurrence ;
– Permettre une meilleure maîtrise de la demande énergétique.
Si le premier objectif semble rempli, il en est autrement pour les deux autres. En effet, la Cour des comptes a bien constaté des gains d’efficacité, notamment « la diminution des coûts de relève et des petites interventions devenues téléopérables, ou encore la réduction de certaines pertes liées aux anomalies de comptage ou aux erreurs de facturation ».
Mais en parallèle, l’institution indique que tous les gains d’efficacité « ne sont pas encore à la hauteur des prévisions initiales et certaines externalités positives du programme s’avèrent inférieures aux attentes ». C’est le cas notamment des innovations commerciales jugées non perceptibles. Ainsi, les incitations aux économies d’énergie par exemple ne sont pas considérées comme une « innovation » du marché concurrentiel, d’autant plus que les messages passent déjà par d’autres acteurs (ADEME, associations de consommateurs, Médiateur de l’énergie, pouvoirs publics…).
Le rapport relève également que selon la CRE (Commission de régulation de l’énergie), le déploiement massif de Linky « ne s’est pas accompagné de l’apparition de nouvelles offres tarifaires attractives et que très peu de fournisseurs utilisent les fonctionnalités innovantes de Linky (…) ».
Enfin, le déploiement du Linky n’a pas permis de réduire la fraude et ses pertes économiques ; celle-ci a même augmenté à partir de mi-2023 dans plusieurs pays européens, sans doute en raison de la hausse significative des prix de l’énergie à cette période. Le compteur communicant présente néanmoins l’avantage de permettre une détection plus rapide et efficace des fraudes.