Une vaste coalition de scientifiques a publié simultanément les résultats de ses recherches dans le cadre de la campagne « Tara Microplastiques », avec le soutien de de la Fondation Tara Ocean. Les études menées révèlent une pollution massive et invisible des fleuves européens, avec des incidences sur la faune mais aussi la santé humaine.
Une quarantaine de scientifiques (chimistes, biologistes et physiciens) de 19 laboratoires de recherche ont publié le fruit de leurs travaux le 7 avril dernier dans un numéro spécial de la revue Environmental Science and Pollution Research (en anglais).
Ils ont passé au crible 9 fleuves européens (la Loire, la Seine, le Rhin, l’Elbe, la Tamise, l’Èbre, le Rhône, le Tibre et la Garonne), en prélevant près de 2 700 échantillons. Les scientifiques distinguent deux types de microplastiques : ceux visibles à l’œil nu (qui mesurent entre 500 micromètres et 5 mm) et les petits microplastiques invisibles, dont la taille est inférieure à 500 micromètres.
Tous les fleuves étudiés sont pollués : ils contiennent en moyenne trois microplastiques par m3, soit 900 particules charriées par seconde pour un fleuve comme la Seine.
Ces données sont comparables à celles collectées dans d’autres fleuves du monde mais nettement inférieures aux niveaux relevés dans les cours d’eau les plus pollués au monde (jusqu’à 40 particules par mètre cube dans le Mékong, le Gange, l’Amour, l’Indus ou encore le Nil).
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Les microplastiques 1 000 fois plus nombreux que les plastiques visibles en surface
Les microplastiques sont présents partout autour de nous, des granules utilisés par les industriels pour fabriquer des objets en plastique aux fibres textiles synthétiques. Cette pollution est source de plusieurs menaces. Contrairement aux plastiques visibles, qui peuvent être prélevés en surface, les microplastiques se trouvent sur toute la colonne d’eau et impactent toute la chaîne alimentaire.
De la taille d’un cheveu, ils sont 1 000 fois plus nombreux que les autres déchets plastiques. « Ils vont couler ou alors flotter longtemps entre deux eaux et donc interagir avec beaucoup d’organismes dans le fleuve et ensuite dans la mer », explique Alexandra Ter Halle, chercheuse au CNRS. Ils ont des effets hormonaux et « perturbent la reproduction des animaux, par exemple ».
Par ailleurs, les résultats ont démontré la présence d’une bactérie qui se développe sur ces plastiques, pathogène pour l’être humain, à l’origine d’otites et de péritonites.