Le Grand Est se place à la quatrième position des régions en termes de nombre d’établissements thermaux en activité. La question de la suppression du remboursement des cures thermales refait surface dans le débat politique et économique, ce qui menacerait l’activité et impacterait le suivi médical des patients.
Dans un rapport sur la Sécurité sociale paru le 26 mai dernier, la Cour des comptes appelle à faire des économies et remet en question les remboursements de certains soins de cures thermales au motif que « leur service médical n’était pas démontré » pour les 500 000 curistes.
0,1 % du budget de la Sécurité sociale
« La cure thermale coûte à la Sécurité sociale, chaque année, 200 millions d’euros. C’est relativement stable depuis dix ans puisqu’on était à 200 millions d’euros en 2013 », confie Frédéric Bizard, économiste de la santé à l’Institut Santé. Ce coût ne représente que 0,1 % du budget global.
Plusieurs établissements se sont manifestés pour faire part de leurs inquiétudes. Dans la région Grand Est, 9 établissements sont recensés, ce qui classe la région au quatrième rang national, derrière la Nouvelle Aquitaine (28 stations thermales), l’Occitanie (26 stations) et Auvergne-Rhône-Alpes (23 stations).
Moins de consommation de médicaments
Les Vosges comptabilisent quatre établissements, dont la station de Contrexéville où plus de 1 300 patients sont soignés chaque année. Son directeur, François Chalumeau, estime sur France 3 Grand Est que « plus de 80 % des curistes chez nous ne pourront pas faire une cure thermale sans cette prise en charge de la Sécurité sociale (…) », précisant que les bénéfices sont bien réels puisque « plus de 90 % de curistes (…) ressentent les bienfaits dans leur vie quotidienne plus de six mois après ».
Le Dr Nicolas Maimponte, médecin thermal à Contrexéville ajoute que c’est selon lui une « médecine écologique (…) [qui] est même à l’origine d’un certain nombre d’économies de santé, parce que nos patients qui vont mieux, consomment moins de médicaments, consomment moins d’arrêts de travail ».
Une cure thermale peut coûter jusqu’à 2 000 € par personne, transport, nourriture et hébergement compris. L’Assurance maladie prend en charge une partie du montant des soins sur la base de 18 jours (le forfait thermal est remboursé à 65 % du tarif conventionnel).
D’autres acteurs du thermalisme en Lorraine font part de leur scepticisme. Pour Didier Ringwald, le directeur de la Compagnie thermale de Nancy, le coût doit être relativisé : « Le coût du thermalisme pour l’Assurance maladie, c’est 0,1 %, donc ce n’est pas sur le montant des cures que l’on arrivera à régler son déficit ».
Stations en danger ?
L’enjeu est également économique pour le thermalisme qui représente 4,5 milliards d’euros et emploie près de 25 000 personnes à temps plein selon les données 2024 de l’Observatoire national de l’économie des stations thermales. Les professionnels du secteur craignent une baisse de la fréquentation et la fermeture de certains établissements.