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Achats d’occasion : quelles sont les motivations des consommateurs ?

Alors que la proportion de personnes ayant eu recours aux achats d’occasion est passée de 25 % en 2009 à 48 % en 2018, l’Ademe (Agence de la transition écologique) questionne les motivations des consommateurs dans une étude réalisée par le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie).

L’Ademe s’est intéressée aux pratiques des consommateurs autour des objets d’occasion notamment en raison du paradoxe autour du développement de ce marché.

Objectif de sobriété ou surconsommation ?

En effet, si l’achat d’objets d’occasion permet de ne pas favoriser la production d’objets neufs, « ce qui conduirait vers une certaine sobriété en termes de ressources naturelles », l’accessibilité tant financière qu’opérationnelle (brocantes, plateformes de vente en ligne, Emmaüs, ressourceries, dépôts-vente…) à ces objets est susceptible de conduire à une surconsommation et à du gaspillage.

Aussi, au travers de cette étude, l’Ademe a souhaité « définir si l’achat d’objets d’occasion participe à un objectif de sobriété ou s’il est, au contraire, inscrit dans une dynamique d’accumulation et de surconsommation ».

Les principales motivations des consommateurs sont d’ordre écologique et économique. Mais pour certains, l’occasion permet d’acquérir à moindre frais des objets de marque plus qualitatifs que des articles neufs produits dans de mauvaises conditions avec des matériaux de piètre qualité.

Enfin, les consommateurs ont tendance à accorder un soin particulier aux objets qu’ils achètent d’occasion, autant voire plus qu’avec des articles neufs.

Les freins aux achats d’occasion

A contrario, quelques freins demeurent pour certaines personnes dans l’acquisition de biens d’occasion, identifiés sous forme de risques :

  • Risque de performance : peur de la panne, absence de garantie… ;
  • Risque financier : peur de la tromperie, en particulier pour des produits chers, surtout dans le cas de ventes en ligne où il n’est pas possible de les inspecter ;
  • Risque de perte de temps : trouver le bon article, au bon prix, se coordonner avec le vendeur, se déplacer…, autant d’étapes qui peuvent conduire à renoncer ;
  • Risque symbolique de la peur de la contamination : les objets d’occasion sont marqués par leur ancien propriétaire, ce qui peut constituer un frein à l’appropriation.

Les vêtements d’occasion plébiscités

Parmi les achats réalisés, certaines catégories d’objets sont plus recherchées ou valorisées que d’autres. Si les consommateurs se montrent réticents à acquérir des objets techniques, technologiques ou du gros électroménager, par manque de garanties, ou encore tout ce qui est en contact très intime avec le corps (sous-vêtements, produits cosmétiques, matelas, draps), trois catégories sont mises en avant dans l’étude :

  • Les vêtements : ils sont présentés comme un marqueur identitaire fort, souvent consommés au-delà de nos besoins. Réservés au départ aux personnes en situation de pauvreté, les vêtements d’occasion sont portés aujourd’hui par toutes les franges de la population ;
  • Les objets de luxe : la relation à ces objets est plutôt d’ordre esthétique et fonctionnelle, en raison des matériaux nobles utilisés censés assurer longévité et durabilité. Par ailleurs, ces objets peuvent être transmis aux générations futures. Le recours à l’occasion pour le luxe est généralement d’ordre économique mais aussi pour le plaisir de l’immédiateté (car ils sont tout de suite disponibles). Mais la crainte de la contrefaçon constitue un frein majeur ;
  • Les objets reconditionnés et issus de matières recyclées : une démarche qui permet de rallonger la durée de vie des biens et donc de diminuer le prélèvement de ressources naturelles. De nombreuses enseignes ont émergé dans ce secteur « qui crée des emplois qualifiés localement ».

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Les profils d’acheteurs

Les achats plaisir ou impulsifs concernent presque autant le marché de l’occasion que celui du neuf. L’étude relève que plus de 60 % des Français flânent sans projet d’achat précis. En outre, elle a permis de dégager une typologie des consommateurs en fonction de leur fréquence d’achat de neuf et d’occasion :

  • Les « alternatifs » - J’achète fréquemment de l’occasion, j’évite d’acheter du neuf si c’est possible (7,6 %) – Surreprésentation des femmes, fort intérêt pour l’environnement, nombreuses compétences pour faire soi-même (jardinage, bricolage, réparation).
  • Les « silver sobres » – J’achète rarement des objets que ce soit du neuf ou de l’occasion (12,3 %) – Principalement des retraités, peu sensibles à l’environnement, pour qui l’achat neuf constitue une norme et une habitude.
  • Les « consommateurs de neuf » - J’achète beaucoup, presque exclusivement des objets neufs (34,8 %) – Majorité de cinquantenaires avec un bon pouvoir d’achat et peu sensibles à l’environnement, plutôt matérialistes et pour qui le neuf représente la norme.
  • Les « grands consommateurs d’objets neufs et d’occasion à fort pouvoir d’achat » - J’achète beaucoup, du neuf, de l’occasion, cela dépend des besoins (45,3 %) – Quarantenaires, actifs (nombreux cadres), matérialistes mais assez sensibles à l’environnement. Consommateurs jeunes à fort capital culturel et économique.

Au regard de ces différents profils, l’Ademe souligne l’importance de « nuancer les messages d’encouragement à l’achat d’occasion ». En effet, si le gain économique et environnemental d’un bien d’occasion peut encourager des consommateurs à y recourir, d’autres discours sont à privilégier : inciter les Français qui achètent peu et possèdent déjà beaucoup à faire circuler leurs objets pour qu’ils puissent avoir une seconde vie ou encore questionner les besoins de ceux qui achètent beaucoup et revendent beaucoup.