Automobile : des émissions de CO2 en augmentation

La menace d’une amende record plane sur les constructeurs automobiles. L’objectif pour 2020 (décidé par la Commission européenne et le Parlement européen en 2013) est d’atteindre, en moyenne, 95 grammes de CO2 émis par kilomètre parcouru pour tous les véhicules neufs vendus dans l’Union européenne (UE). Or, les émissions repartent à la hausse depuis 2017… Deux raisons principales ont été identifiées : d’une part, la progression des SUV qui représentaient, en 2018, 35 % des immatriculations de véhicules neufs en Europe (contre 23 % en 2015). Ces véhicules plus lourds et plus hauts que les berlines sont moins aérodynamiques et consomment davantage. D’autre part, la baisse des véhicules diesel qui n’a pas profité au marché des véhicules électriques et hybrides rechargeables, mais à celui des véhicules essence. Ces derniers ont progressé, passant de 50 % à 56,7 % des ventes, alors qu’ils émettent eux aussi plus de CO2.
L’ancien directeur général de Renault, Patrick Pelata ainsi qu’un expert de l’automobile du cabinet de conseil en management et stratégie BCG (Boston Consulting Group) Xavier Mosquet, ont été mandatés par l’Élysée pour évaluer les risques financiers encourus par les constructeurs avec cette règle européenne. D’après leur rapport, l’industrie automobile n’atteindra pas l’objectif fixé au 31 décembre 2020 et les amendes pourraient atteindre jusqu’à 500 millions d’euros (voire jusqu’à 1 milliard d’euros), par constructeur !
La solution serait de rendre les véhicules électriques et hybrides rechargeables plus attractifs et plus abordables. À ce jour, en France, l’aide allouée à l’achat de ce type de véhicule est de 6 000 €, et d’après ce rapport, il est nécessaire de la maintenir. Il faudrait également augmenter le nombre de bornes de recharge. 
Le succès de ces véhicules semble être un impératif pour répondre au nouvel objectif de l’UE : baisser de 35 % les émissions de CO2 entre 2020 et 2030. Or pour y parvenir, le BCG a calculé qu’en 2030 il faudrait qu’un tiers des ventes soient des véhicules électriques et 17 % des hybrides rechargeables. Difficilement réalisable selon les constructeurs… De son côté, le président de la République a annoncé le déblocage de 700 millions d’euros au cours des cinq prochaines années pour soutenir le développement d’une filière de batteries électriques de nouvelle génération pour l’automobile (dans le cadre d’un projet franco-allemand, surnommé l’« Airbus des batteries »). Un coup de pouce qui devrait accélérer l’équipement des Français.

Cependant, les véhicules électriques posent également question et ne sont pas exempts de reproches. Il ne faut pas considérer qu’ils seront la solution idéale qui règlera tous les problèmes de pollution. En effet, en y regardant de plus près, leur production a un coût environnemental non négligeable. La fabrication des batteries nécessite de recourir à des métaux rares dont les processus d’extraction sont extrêmement polluants. Quant à la source d’électricité, si en France elle est principalement d’origine nucléaire (une technologie qui soulève d’autres questions écologiques), en Chine, une grande partie de l’électricité est produite par des centrales à charbon, très polluantes ! Pour analyser et comparer correctement les impacts environnementaux respectifs des véhicules électriques et thermiques, il faut prendre en compte leur « cycle de vie » : la fabrication, l’utilisation et la fin de vie (démantèlement et/ou recyclage), avec des mesures pour chacune de ces phases.

Le débat est donc complexe et nous amène à nous interroger sur deux points : un meilleur contrôle de la chaîne d’approvisionnement des ressources par les industriels (un règlement européen va entrer en vigueur en 2021 à ce sujet), mais aussi une réflexion en tant que consommateur sur nos modes de déplacement.

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