Bientôt des publicités TV ciblées ?

Les règles en matière de publicité à la télévision sont strictes. Certains secteurs en sont même bannis (sauf particularités sur les chaînes cryptées et le câble) : c’est le cas des opérations de promotion de la distribution, de l’édition et du cinéma. Mais cela va peut-être changer. Le ministère de la Culture a en effet lancé fin août une consultation publique, qui a pris fin ce 13 octobre, sur un éventuel allégement de la réglementation publicitaire à la télévision.

Cette ouverture serait une belle opportunité car elle pourrait générer, selon Publicis Media, 100 à 150 millions d’euros pour les chaînes de télévision.
Un « réajustement des stratégies média » pour Philippe Nouchi, expert chez Publicis Media, qui craint que les « Gafa* » gagnent en puissance, si rien n’est fait. C’est d’ailleurs un autre point de la consultation qui vise à combattre les Gafa sur leur propre terrain : la publicité adressée, c’est-à-dire ciblée et donc adaptée au téléspectateur. La publicité serait donc différente selon le profil de la personne qui regarde le petit écran à un instant T. Ce type de publicité pourrait générer 80 millions d’euros supplémentaires pour le marché télévisuel d’ici à 2022 et jusqu’à 200 millions si on y inclut la possibilité de géolocaliser le téléspectateur, selon une étude commandée par le Syndicat national de la publicité télévisée. À noter que dans la consultation telle qu’elle est conçue aujourd’hui, l’indication d’une adresse est pour l’instant exclue.

Cette perspective d’évolution de la réglementation fait en revanche grincer des dents du côté des autres médias, notamment en ce qui concerne l’ouverture de la publicité aux secteurs interdits, en particulier sur les opérations de promotions de la distribution, c’est-à-dire les publicités pour les supermarchés locaux, ciblées selon les régions, au même titre que ce qui existe justement déjà à la radio. Les Indés Radios, un groupement d’intérêt économique représentant 130 radios locales ou thématiques ainsi que l’Union de la presse en région estiment que cela engendrerait d’importantes pertes de part de marché pour eux. La presse régionale tire 80 % de ses recettes des annonceurs locaux, qui pourraient être mises à mal si la publicité adressée était permise…

*Gafa : acronyme désignant les quatre géants américains de l’Internet fixe et mobile que sont Google, Apple, Facebook et Amazon.

Partager