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Circuits-courts : la désaffection des Français

Après un boom des circuits-courts au début de la crise sanitaire, les Français semblent s’en détacher tout en continuant à les plébisciter.

À la suite du premier confinement, les habitudes de consommation semblaient se transformer, avec un essor des achats en circuits-courts et une volonté des Français de consommer plus responsable. Deux ans plus tard, les circuits-courts retombent à un niveau plus bas que celui qui précédait la pandémie.

Crainte du virus

Un constat confirmé par Yuna Chiffoleau, directrice de recherche à l’Inrae (Institut national de la recherche agronomique) : « La tendance semble à la baisse (…). Les marchés de plein vent pâtissent par exemple de la désaffection de retraités qui craignent les contaminations ». Les Français se détournent donc de plus en plus de ces filières qu’ils sont pourtant nombreux à plébisciter.

Décalage entre intentions et consommation réelle

En effet, à en croire les divers sondages et enquêtes publiés à ce sujet, les Français se disent favorables à des systèmes de production et de distribution plus justes. Mais dans les faits, leurs modes de consommation ne sont pas en adéquation avec ces bonnes intentions.

Pour Fanny Parise, anthropologue de la consommation et autrice du livre à paraître « Le Mythe de la consommation responsable », les consommateurs sont « des menteurs de bonne foi [qui] vont faire évoluer à la marge certaines habitudes tout en ayant l’impression d’avoir fait des efforts importants.

Il y a donc un fossé entre ce qu’ils croient faire et ce qu’ils font réellement ». Elle ajoute qu’une consommation plus responsable nécessite du temps et de revoir ses habitudes. Or, dans ce contexte de crise particulièrement anxiogène, les consommateurs sont plus que jamais attachés à leurs habitudes, qui les rassurent.

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Les circuits-courts dans la grande distribution

En parallèle, les acteurs de la grande distribution surfent sur cet engouement des consommateurs en offrant des campagnes de communication qui répondent à leurs attentes et qui, selon Fanny Parise, « vont amener les individus à penser que leur consommation est acceptable ».

De son côté, la directrice de recherche à l’Inrae ne voit pas la grande distribution dérouler indéfiniment le tapis rouge aux producteurs locaux : « Le modèle de la filière longue basée sur d’importants volumes et des centrales d’achat qui fonctionnent à flux tendus n’est pas compatible avec celui des producteurs », précise-t-elle.

Toutefois, tous les réseaux de circuits-courts ne sont pas touchés de la même façon. Ainsi, les épiceries paysannes résistent mieux, notamment le réseau « Bienvenue à la ferme » des chambres d’agriculture qui a récemment ouvert des magasins.

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