COP 24 : un bilan plus que mitigé 

La 24ème Conférence des Parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), autrement appelée COP 24, s’est déroulée en Pologne du 2 au 15 décembre 2018. Les 196 pays réunis se sont mis d’accord sur les règles d’application de l’accord de Paris, conclu en 2015, permettant sa mise en œuvre effective en 2020. Cependant, ils n’ont annoncé aucun nouvel effort collectif dans la lutte contre le changement climatique, au grand dam des associations environnementales. Quant à la France, elle n’a pas été un moteur au sein des négociations. 

Pourtant, en octobre 2018, le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC) a rendu un rapport historique dans lequel il appelait les États à diviser par deux leurs émissions d’ici à 2030. C’est la seule solution envisageable pour freiner les bouleversements climatiques que connaîtrait la planète si la température mondiale dépassait 1,5 °C de réchauffement. Or, en l’état actuel des choses, et si les pays mettent réellement en œuvre les contributions demandées dans l’accord de Paris, la température mondiale devrait augmenter de 3°C en moyenne d’ici la fin du siècle… Ce rapport ainsi que la mobilisation très forte de la société civile ne semblent pas trouver d’écho auprès des gouvernements présents. Un manque de réponse que Jennifer Morgan, directrice de Greenpeace International, qualifie de « choquant ». 

La COP24 met en lumière également les confrontations inégales entre les États. D’un côté, le groupe des petits États insulaires qui ont demandé un accueil favorable au rapport du GIEC, de l’autre les quatre nations pétrolières que sont l’Arabie saoudite, le Koweït, la Russie et les États-Unis qui s’y sont opposées. Les négociateurs sont toutefois parvenus à trouver un consensus sur le reste du guide d’application de l’accord de Paris (le rulebook). Ils ont en effet réussi à transformer une compilation de 263 pages, ornée de 1 800 paragraphes entre crochets, en un texte relativement cohérent de plus de 130 pages. Ils ont également résolu la question des règles de transparence, qui permettent de vérifier que les pays respectent leurs promesses. 

La Chine et les pays en développement ont accepté un cadre commun, instauré à partir de 2024. Des flexibilités seront toutefois accordées aux États disposant de moins de moyens techniques et financiers. 

La France a brillé par son absence. Ni Emmanuel Macron, ni Edouard Philippe n’étaient présents pour l’ouverture des négociations, lors de la journée réservée aux chefs d’État. Quant à François de Rugy, ministre de la Transition écologique et solidaire, il n’est pas resté la seconde semaine, laissant sa place à Brune Poirson, sa secrétaire d’État. Mais cette dernière est également partie avant la fin des débats. Une attitude qui tend à décrédibiliser l’Hexagone selon Greenpeace. 

Enfin, le nerf de la guerre concerne les financements pour atteindre ces objectifs très ambitieux. Or là aussi, la mobilisation des gouvernements n’a pas été suffisante. Les pays du Nord ont promis de transférer 100 milliards de dollars (88 milliards d’euros) par an aux pays du Sud d’ici à 2020, pour permettre à ces derniers de s’adapter au réchauffement et de réduire leurs émissions polluantes. « Mais cette somme inclut des prêts, et nous ne savons pas comment s’assurer qu’il s’agit bien d’argent réel », dénonce l’Indien Harjeet Singh, de l’ONG ActionAid International, ajoutant que « les besoins se comptent en milliers de milliards de dollars ». Par ailleurs, les pays du Sud s’inquiètent de l’absence de promesses pour la suite, après 2025… 

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a annoncé : « Mes cinq priorités seront ambition, ambition, ambition, ambition et ambition », tout en évoquant le sommet sur le climat qu’il convoque, à New York, en septembre 2019. La COP25 aura lieu en novembre 2019 au Chili. 

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