Déchets nucléaires : la Cour des comptes appelle à plus de transparence

La cour des comptes publie un rapport sur l’aval du cycle du combustible nucléaire, c’est-à-dire les questions touchant au retraitement des combustibles usés et au stockage des déchets. Ce rapport s’inscrit dans une série de publications de l’institution sur les politiques publiques de l’énergie nucléaire (l’un relatif au démantèlement des installations et à la gestion des déchets radioactifs en 2005, l’autre sur les coûts de la filière électronucléaire en 2012). Il pointe notamment les coûts du projet d’enfouissement, qui doivent être réévalués.

D’importants investissements doivent en effet être réalisés au cours de la prochaine décennie (projet d’enfouissement, capacités d’entreposage et de stockage, fabrication de combustible recyclé « MOX » à partir de matières déjà utilisées dans les centrales…). La Cour craint une facture particulièrement élevée. Elle estime que les besoins d’investissement cumulés sur les principaux sites de stockage (hors projet Cigéo de stockage géologique) et d’entreposage « pourraient s’élever à près de 1,4 milliard d’euros entre 2018 et 2030, et augmenter encore d’un milliard et demi d’euros supplémentaire entre 2030 et 2050 ». A cela s’ajoute une hausse de 90 % des coûts d’exploitation des installations de gestion des déchets à l’horizon 2050. Par ailleurs, la France a pour objectif de réduire de 50 % la part du nucléaire dans la production électrique. Cela nécessite des arbitrages pour maintenir un certain équilibre qui « dans un contexte de vieillissement du parc nucléaire existant, va engendrer des évolutions significatives des flux du cycle du combustible nucléaire ».

L’institution reproche un manque de transparence des informations au grand public. Elle rappelle en outre qu’aucune discussion ne s’est tenue sur les alternatives possibles à ces investissements lors du débat public de 2018 sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). « Une plus grande transparence (…) permettrait d’apprécier pleinement la place qu’occupent les questions liées à l’aval du cycle du combustible parmi les déterminants des choix d’évolution des infrastructures nucléaires », juge globalement la Cour dans son rapport.

Ce rapport intervient alors que le cinquième Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs (PNGMDR) pour la période 2019-2021 fait l’objet d’un débat public organisé en plusieurs sessions partout en France, jusqu’au 25 septembre 2019. L’objectif est de recueillir l’opinion des citoyens sur les principaux enjeux liés à la gouvernance du nucléaire.

Partager