Désinfection des masques : fausse bonne idée !

La pénurie de masques chirurgicaux pose la question de leur réutilisation. En attendant de pouvoir se procurer des masques en tissu lavables aux normes sanitaires, certains sont tentés de porter à nouveau leur masque jetable. Mais des précautions sont à prendre, car si le milieu médical dispose de méthodes de désinfection sophistiquées, c’est loin d’être le cas à la maison. Des conseils pratiques circulant sur Internet peuvent même s’avérer dangereux.

L’université américaine de Stanford a tenté diverses expériences sur la désinfection de masques chirurgicaux. L’une recourt au chauffage au four. Passer les masques à une température de 70°C pendant 30 minutes serait efficace, mais présente un fort risque de fonte. Le masque doit être éloigné de toute surface métallique (difficile à respecter dans un four domestique) et la solution nécessite de rester à côté pour surveiller de près le processus. Selon les mêmes chercheurs, l’utilisation de la vapeur pourrait aussi être envisagée, en exposant les masques au-dessus d’un récipient d’eau bouillante. Toutefois, la procédure ne pourrait être réalisée que cinq fois et entraîne cette fois un gros risque de brûlure. L’utilisation des UV a montré de bons résultats en laboratoire, mais n’est pas applicable à domicile. Enfin, le virus devenant inactif au bout de quelques heures à quelques jours à l’air libre, il est possible de laisser le masque suspendu à un crochet pendant 5 jours minimum.

Le micro-ondes est très fortement déconseillé en raison des pièces métalliques contenues dans les masques au niveau du nez, susceptibles de produire des étincelles et de fondre. Quant à l’utilisation d’alcool ou de javel, elle est à proscrire absolument. Non seulement ces produits dégradent fortement le masque, mais en plus engendrent un risque d’irritation des voies respiratoires. Les autorités sanitaires déconseillent d’une manière générale de réutiliser les masques chirurgicaux, quelle que soit la méthode de désinfection. La Direction générale de la Santé (DGS) indique que « les masques chirurgicaux sont généralement à usage unique et donc pas faits pour être réutilisés ».

Qu’en est-il des masques en tissu fait maison ? Des études montrent qu’ils sont moins efficaces que les masques chirurgicaux, tout en protégeant malgré tout. Il convient toutefois de respecter les normes AFNOR. L’association donne accès sur son site Internet à un référentiel de fabrication de masques à usage non sanitaire dit « masques barrières ». Le tissu utilisé doit avoir une trame suffisamment serrée (donc pas de vieux t-shirts) et épouser les contours du nez, pour limiter au maximum les interstices. Le masque doit également être utilisé correctement : le poser avec les mains propres et le retirer une fois à la maison, ne le porter que quelques heures et le laver après chaque utilisation à l’eau chaude savonneuse ou en machine à 60°C. Le repassage du masque n’est pas recommandé en tant que tel, sauf pour finaliser le séchage et retirer les plis après lavage.

La meilleure solution pour les personnes qui ne sont pas malades, selon les autorités sanitaires, reste le respect des gestes barrières, à savoir un confinement strict et un lavage régulier des mains.

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