EHPAD : le désarroi des soignants et des familles

En France, le coût moyen d’une place en Ehpad (établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) est de 2 000 € par mois. Une moyenne qui cache de nombreuses disparités selon le type de structure (publique, privée à but non lucratif ou privée à but lucratif). Dans tous les cas, le reste à charge pour les résidents est trop important : de 1 600 € en moyenne à 2 100 € dans une structure à but lucratif. 80 % des seniors doivent faire appel à leurs proches pour les aider à financer leur prise en charge.

Il existe pourtant des prestations sociales comme l’allocation personnalisée d’autonomie (APA) versée par les départements. Mais une mission parlementaire menée sur les Ehpad à l’été 2017 révélait un « mouvement de déshabilitation à l’aide sociale départementale » de certains établissements qui « provoque, par insuffisance de dotations publiques, un reste à charge que certaines personnes ne peuvent assumer ». De fait, le nombre de places pour les bénéficiaires de l’aide sociale se réduit, générant un traitement inéquitable sur le territoire.
En parallèle, les soignants des Ehpad ont entamé une grève le 30 janvier dernier, pour dénoncer une baisse de moyens entraînant une dégradation de leurs conditions de travail et, in fine, une détérioration des conditions de vie des résidents qui, dans certains cas, font l’objet de maltraitance : des repas expédiés que les personnes n’ont pas le temps de finir, des patients rendus incontinents par le port de couches (pour pallier l’insuffisance du nombre de soignants disponibles pour les aider à aller aux toilettes), etc. Le mouvement est soutenu par les familles, conscientes du manque cruel de moyens et de reconnaissance pour ce métier très difficile et mal payé.

Actuellement, près de 728 000 personnes âgées sont prises en charge dans l’un des 6 900 Ehpad du pays, soit 10 % des plus de 75 ans. Mais d’ici 20 ans, le nombre de personnes âgées dépendantes de plus de 75 ans va augmenter de 25 %. Avec un allongement de l’espérance de vie qui rendent les seniors de plus en plus dépendants, de plus en plus longtemps. Chacun sera un jour confronté à cette situation, pour un proche ou pour lui-même. Il est donc urgent que l’État se saisisse de cette question à la fois d’ordre social et de santé publique.

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