Energie : ouverture du marché toujours difficile en Alsace

Officiellement, il n’y a plus de monopole dans le secteur de l’énergie en France depuis l’ouverture totale du marché à la concurrence le 1er juillet 2007. Ainsi, chaque consommateur est libre de choisir son fournisseur. Mais dans les faits, ce n’est pas aussi simple. Seul 95 % du marché de l’énergie est ouvert ; les 5 % restants sont gérés par quelque 170 entreprises locales de distribution (ELD) et ne sont desservis ni par Enedis ni par GrDF. Cela concerne la moitié du territoire alsacien, notamment Strasbourg, mais aussi Metz ou Grenoble par exemple.

Première explication, d’après le médiateur national de l’énergie, les ELD sont un héritage de la loi de 1946 sur la nationalisation de l’électricité et du gaz. De fait, des monopoles historiques locaux ont perduré : « Sur ces territoires, la loi autorise la concurrence, mais ne l’a pas forcément organisée. Alors, si les ELD font blocage, les nouveaux entrants n’y vont pas forcément. ». Seconde explication, les systèmes d’information des entreprises locales ne sont pas du tout harmonisés. Le comparateur de tarifs Selectra explique dans les DNA : « Le coût supplémentaire consistant à s’adapter à 170 systèmes d’information différents ne peut être rentable pour s’adresser aux 5 % du marché représentés par des consommateurs résidents sur le territoire d’une ELD ». Il est ainsi plus simple et moins cher pour un fournisseur alternatif de travailler avec un seul gestionnaire de réseau (ERDF par exemple) pour le traitement de données (relevés des compteurs et estimations de la consommation).

Certains de ces fournisseurs reprochent aux ELD leur manque de volonté pour faire évoluer leur système. De leur côté, ils s’en défendent. C’est le cas de Strasbourg Électricité Réseaux qui assure être à la pointe et avoir un système de données qui « ne présente aucune difficulté et respecte les règles du marché ». Jean-Claude Mutschler, directeur général de cette filiale d’ÉS chargée de la distribution, explique d’ailleurs que « 28 fournisseurs alternatifs sont actuellement actifs sur le territoire de Strasbourg Électricité Réseaux ». Ces fournisseurs s’intéressent majoritairement à la clientèle professionnelle, plus rentable. Néanmoins, certains sont implantés sur le secteur résidentiel, preuve selon Strasbourg Électricité Réseaux qu’il n’y a pas de discrimination. Ce point est confirmé par la Commission de régulation de l’énergie, chargée par l’État de surveiller les marchés et de garantir l’indépendance des gestionnaires de réseaux, qui estime que « ce sont les fournisseurs alternatifs qui ne jugent pas commercialement intéressant de s’implanter. »

Le frein technique demeure cependant pour les petits opérateurs. L’harmonisation totale des systèmes d’information semble être la seule solution pour que les choses changent et que la part de marché des fournisseurs alternatifs atteigne 16 % en Alsace, comme sur le reste du territoire. « Il y a des travaux en cours, sous l’égide de la Commission de régulation de l’énergie, pour normaliser les flux de relève et d’échange de données », indique M. Rebischung, président de l’Uneleg (Union nationale des entreprises d’électricité et de gaz). « Les gestionnaires de réseaux et les prestataires informatique avancent sur l’harmonisation et la simplification des formats ».

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