Des étudiants chinois exploités pour la fabrication d’iPhone X

A l’heure actuelle, plus de 3 000 étudiants travaillent sur les lignes d’assemblage de Foxconn à Shenzhen (sous-traitant notamment d’Apple, au sud-est de la Chine), dans les mêmes conditions que des ouvriers. Ils accomplissent des tâches répétitives qui n’ont, pour la plupart, aucun lien avec leurs études. Ils effectuent des heures supplémentaires, en violation de la loi.

Ces stagiaires sont jugés parfaits pour répondre à des besoins saisonniers : moins chers en charges sociales que des ouvriers et présents seulement quelques mois sur place, ce qui permet de renouveler constamment le personnel.

Les contrôles sur ces chaînes d’approvisionnement ont pourtant été renforcés par Apple dès 2010, suite à une série de suicides sur le campus de Foxconn. Pourtant aujourd’hui, rien ne semble avoir changé. De nombreux adolescents sont toujours présents dans ces usines. « Moi j’étudie le graphisme, témoigne anonymement l’un d’entre eux, mais dans mon école, il y en a qui sont en puériculture, d’autres en logistique, et on se retrouve tous à assembler des téléphones ! ». Ces étudiants savent que ces pratiques ne sont pas tout à fait légales, mais ils n’ont pas le choix : « C’est déprimant, ce boulot, mais on est obligé. Si on ne le fait pas, l’école ne nous donnera pas notre diplôme l’année prochaine ».

Le Financial Times a contacté Apple au sujet de ces dérives. La firme a publié un communiqué dans la foulée, le 22 novembre dernier : « Au cours d’un récent audit, nous avons découvert des cas d’étudiants stagiaires faisant des heures supplémentaires dans l’usine d’un de nos fournisseurs en Chine. Nous nous sommes assurés qu’ils ont travaillé volontairement, étaient indemnisés et obtenaient des avantages, mais ils n’auraient pas dû être autorisés à faire des heures supplémentaires ».

Les stagiaires sont indemnisés au même titre que les ouvriers, mais n’en sont pas moins forcés d’accomplir des tâches sans rapport avec leur projet professionnel. La faute d’une part aux écoles, qui perçoivent des commissions et se justifient en présentant ces missions comme des « expériences de travail ». D’autre part, aux autorités locales qui sont complaisantes. Ainsi, lorsque la production d’iPhone X battait son plein en septembre, le ministère de l’éducation du Henan a envoyé une note à toutes les écoles professionnelles de la province pour leur demander d’envoyer leurs « stagiaires en entreprises » chez Foxconn.

Bien que les heures supplémentaires soient proscrites pour les étudiants, dans les faits ces derniers réalisent jusqu’à 60 heures par semaine pour un salaire de 3 500 yuans (près de 450 euros) par mois.

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