« Zéro moteur à combustion d’ici à 2040 », c’est l’annonce remarquée faite par Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique, mais pas franchement bien reçue, surtout de la part des constructeurs automobiles. Les associations de défense de l’environnement ne sont pas plus emballées.
Dans le cadre de son plan climat, Nicolas Hulot souhaite développer le parc de véhicules électriques. Mais le projet semble ambitieux au vu de la marge de progression qu’il reste à accomplir. À l’heure actuelle, l’électrique représente seulement 1 % des ventes. Plusieurs inconvénients se profilent, avec tout d’abord le fait que cette mesure mettra sur la touche les véhicules hybrides (associant un moteur classique à un générateur électrique), qui de leur côté se développent plutôt bien et sur lesquels les constructeurs misent. Didier Gambart, le président de la filiale française de Toyota indique que « d’ici à 2030, les véhicules hybrides rechargeables de deuxième génération représenteront 40 à 50 % de nos ventes et ceux à énergie uniquement électrique 5 à 10 %. La fin des moteurs à combustion à l’horizon 2040 ne me semble pas un objectif réaliste. ». Les constructeurs avancent aussi le fait que le marché est mondialisé et que tout le monde n’aura pas les moyens d’accéder aux véhicules électriques. Ensuite, le modèle économique reste à trouver : le financement des bornes de recharge et les incitations financières pour un retrait anticipé des « vieux » véhicules diesel et essence représenteraient plusieurs milliards d’euros de dépenses !
De leur côté, les associations de défense de l’environnement ne sont pas convaincues par l’aspect écologique du véhicule électrique qui cache quelques écueils. France nature environnement (FNE), l’une des principales associations actives sur ces questions, met en garde contre les effets pervers des systèmes de recharge rapide : « Ils sollicitent beaucoup le réseau électrique, et en période d’hiver, qui correspond à un pic de consommation, il faudra peut-être faire appel à des centrales d’appoint qui fonctionnent au fioul et au charbon ». Autre point noir : le lithium, matière première indispensable à la production de batteries, dont l’extraction nécessite de grandes quantités d’eau, au détriment des populations locales des pays concernés (Bolivie notamment).
L’autre alternative, ce sont les moteurs à hydrogène liquide. Mais ce type de carburant serait plus approprié pour les camions et les bus, qui parcourent en moyenne plus de kilomètres que les véhicules de tourisme. Dans ce cas, le moteur fonctionne grâce à une pile à combustible qui se recharge dans une station spécialisée. Mais cette technologie est encore très peu développée. Il n’existe qu’une station de recharge à Paris et une quinzaine dans tout l’Hexagone.
En attendant, Nicolas Hulot a annoncé la création d’une « prime de transition pour remplacer un diesel datant d’avant 2001 ou une essence d’avant 1997 par un véhicule plus propre neuf ou d’occasion ». Cette prime sera destinée aux ménages les plus modestes. Il ne s’agit donc pas, ici, d’une prime ciblant le passage à la voiture électrique, mais d’une prime destinée à éliminer de la circulation les voitures les plus anciennes, les plus polluantes, afin de les remplacer par des voitures plus récentes.